Des associations proposent de se former aux nouvelles façons de se nourrir
Autour du bac à compost, c’est le silence, ou presque. Une dizaine d’enfants sont absorbés par l’observation à la loupe de la vie qui y grouille. Laurence André, animatrice à l’association nantaise « Jardine » à La Chapelle-sur- Erdre (44), aime à observer comment, durant ces activités au jardin, chacun·e réalise à son rythme que la vie est un cycle qui part de la terre et y revient. Une terre malade, épuisée par une agriculture intensive qui, depuis le milieu du siècle dernier, remplit nos hypermarchés à ne plus savoir quoi choisir ni manger. Obésité, maladies cardiovasculaires, diabète seraient les conséquences sanitaires de cette hyperconsommation qui a mis notre planète et la biodiversité à genoux.
Il y a donc le feu mais ce n’est pas en un coup de fourchette que l’on modifiera la trajectoire. « Manger, ce n’est pas seulement ingérer des aliments, c’est ingérer toute une culture. Et, pour la déconstruire, il faut du temps, des explications, mais surtout expérimenter par soi-même qu’il est possible de se nourrir différemment », explique Christine Coursières, militante et formatrice Bafa et Bafd aux Ceméa, qui propose dans toutes les formations qu’elle organise des temps pour cuisiner.
« Respecter l’environnement, et donc son assiette »
Conduire à une meilleure conscience de ce que nous mangeons et de ce que cela implique pour la planète et sa population, est aussi la préoccupation de l’équipe des Ceméa Suisse qui forment en partenariat avec WWF, animateurs et animatrices. Pour Olivia von Ernst, formatrice aux Ceméa Suisse, il est bien sûr essentiel de les sensibiliser et de fixer un cadre à ce que nous consommons et à la façon dont nous le faisons. « C’est aujourd’hui indispensable, lorsque l’on s’adresse à de futurs encadrants d’enfants. Une charte a d’ailleurs été partagée dès 2015 qui oriente les choix alimentaires vers une alimentation moins carnée, des produits bio ou issus de l’agriculture raisonnée et achetés localement, explique-t-elle. Mais, comment ne pas se poser de questions quand des jeunes qui ont réfléchi à ces questions font 40 km pendant le stage pour aller manger un kebab ?»
Produire autrement et cultiver ensemble
On ne transforme pas ses pratiques alimentaires sans y trouver du sens. À l’origine du projet porté par les habitants membres de « la Wond’Zabitans », situé dans le quartier Calebassier, une zone prioritaire soutenue par un contrat de ville en Martinique, c’est la question du lien social et du sens qui a allumé la mèche. « Le point de départ a été de mettre en activités des personnes à la retraite isolées et de jeunes oisifs qui s’ennuyaient en bas des tours pour créer du commun, éclaire Frédéric Contault, directeur des Ceméa Martinique. Aujourd’hui, ils se retrouvent ensemble pour cultiver, hors sol, les fruits et les légumes bio associés selon les principes de la permaculture, partager des astuces de jardinage. Ou concocter un repas festif pour les habitants du quartier. » Depuis septembre 2022, une nouvelle phase du projet a été lancée : 14 jeunes sans emploi, sans formation, sans qualification ont rejoint une formation de BEP CAP des métiers agricoles et un certificat de qualification professionnele (CQP) d’animation périscolaire. « Ils trouvent de l’utilité et du sens à ce qu’ils font. Et c’est là que peuvent s’enclencher des processus de changements durables », conclut Frédéric Contault.