LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Le Kamishibaï

Un outil pour raconter des histoires
Le Kami Quoi ??!! Voilà ce que parfois nous entendons à l'évocation de ce mot japonais. Pourtant, si nos interlocuteurs entendent ce mot pour la première fois, cette technique d'expression n’a rien de récent.
Média secondaire

Au Japon, dès le Moyen Age, des moines bouddhistes se servaient de rouleaux illustrés pour accompagner des prêches. La technique du conte en public à l'aide d'un théâtre d'images, telle que nous la connaissons, se développe au début du XXe siècle. Il faut attendre 1923 pour voir apparaître le premier kamishibaï pour enfants de l'écrivain Ichirô Suzuki et de l'illustrateur Takeo Komatsu nommé « la Chauvesouris d'or ». Ce fut l'explosion de cette technique qui en 1937 comptait trois millions de diseurs itinérants de kamishibaï au Japon. À la fin des années soixante, le voici qui arrive en Europe. Dix ans plus tard, il commence à être connu dans le monde. Même si au Japon il n'a plus le même impact qu'avant-guerre, il reste toutefois un outil pédagogique présent dans les écoles japonaises. Il revient aujourd'hui doucement au goût du jour en France pour notre plus grand plaisir.

Qu'est-ce que c'est ?

Cemea

Le kamishibaï, qui signifie littéralement « jeu théâtral de papier », est une série de planches illustrées que l'on fait défiler dans un petit théâtre appelé butaï ou castelet en bois. La première image apparaît au centre du théâtre tandis que le texte, imprimé en décalage, se trouve au verso de la planche précédente.

Le conteur fait défiler les planches qui peuvent s’intégrer les unes aux autres en fondu-enchaîné à la façon d’une BD. Leur manipulation permet de faire naître des sensations telles que la stupeur, le suspense, l’hésitation et bien d’autres encore. De par son mode d’expression et sa popularité, on pourrait rapprocher le kamishibaï de notre théâtre de Guignol, avec des images à la place des marionnettes.

Le kamishibaï avec des enfants

Nombreux sont les utilisateurs de kamishibaï : éducateurs, enseignants, animateurs. Ceux-ci apprécient la facilité avec laquelle les enfants en comprennent l'usage, ainsi que l'enthousiasme et l'implication d'un groupe autour de ce théâtre d'images. L'outil permet à la fois le plaisir d'être spectateur tout comme celui d'en être un réel acteur à travers une lecture ou une création. Ses intérêts sont multiples : écouter, comprendre, créer, lire, conter, écrire, dessiner, imaginer, construire, travailler en groupe ou seul, partager… Autant d'intérêts qui répondent aux besoins des enfants.

À l’école...

C'est d'ailleurs pour cela qu'il trouve toute sa place à l'école maternelle, élémentaire ou au collège. Il est en effet possible de l’utiliser pour un travail interdisciplinaire : ateliers technologiques, arts visuels, apprentissage de la langue écrite et orale… Les enfants peuvent ainsi mettre le kamishibaï au service de leurs projets. Cet avantage a séduit ceux qui travaillent en pédagogie Freinet qui l'ont intégré dans leur outillage pédagogique.

En ACM

Mais il a aussi toute sa place en accueil collectif de mineurs. La lecture d'un kamishibaï est un moment d'histoires avant tout, qu'il soit en journée ou en veillée. Mais ce peut être aussi l'occasion de toute une série d'activités. Créer son histoire avec les copains et la raconter aux autres. Toute une aventure ! Ce sont toutes ces raisons qui nous ont poussés à proposer le kamishibaï en veillée, lors de nos derniers séjours. Un coin calme, quelques couvertures, une lumière tamisée pour l'ambiance et voici l'histoire qui commence. Le petit groupe d'une douzaine d'enfants accroche autant sur l'histoire que sur l'échange et la découverte de l'objet par la suite. Nous avons aussi expérimenté le kamishibaï dans le cadre des Temps d'activités périscolaires (TAP) : sur plusieurs ateliers, les enfants ont pu découvrir l'outil puis se sont lancés collectivement dans une création qu'ils ont ensuite présentée. Quelle fierté !

Un projet en formation d'animateurs

Après avoir mis en place de petits ateliers de découverte sur plusieurs stages Bafa, nous avons souhaité aller plus loin et l'intégrer à des projets d'expression. Après un temps d’appropriation de l’outil, un groupe de stagiaires a travaillé plusieurs heures à la réalisation d’un butaï et de planches illustrées, ainsi qu’à la présentation aux autres stagiaires. Ce support est un moyen efficace pour mettre en oeuvre une démarche de projet : choix collectifs, travail en équipe, prise en compte des compétences de chacun, organisation et répartition des tâches... L'utilisation de cette technique d'expression est aussi un autre moyen de sensibiliser à l'approche du livre et aux techniques pour raconter des histoires. L'échange qui suit la présentation est également l'occasion d'amener une réflexion sur la mise en valeur de la réalisation et sur l'aménagement des espaces.

S’équiper en butaï et kamishibaï

L'activité peut paraître onéreuse. Le coût, aussi bien pour un butaï que pour une histoire éditée, reste élevé. Ajoutons à cela que les éditeurs jouent sur le fait qu'il n'y ait pas de format standard pour adopter des dimensions différentes dans un souci de marketing. Mieux vaut être vigilant au moment de l’achat. Toutefois, avec un peu d'huile de coude nous pouvons facilement lever ces freins. Convaincus de l'intérêt, nous avons réfléchi à la création d’un butaï en bois, simple et peu coûteux. Ce butaï est adapté au format 375 x 275 mm, format le plus courant des kamishibaï du commerce. Pour faciliter la création d'histoires, nous avons également conçu un butaï en carton adapté au format standard 240 x 320 mm. Avec l'un ou l'autre de ces outils, se lancer dans la lecture de kamishibaï et dans la création de planches devient alors accessible.

Kamishibaï

 

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avec des indications pour construire et utiliser un Kamishibaï
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Les Cahiers de l'Animation (n° 90, avril 2015)