Animer une séance de contes
La séance de contes est comme un voyage que vont suivre tous les enfants en fonction de leur âge, de leurs conditions du moment, et de leur imaginaire. Ce voyage permet à tous de vivre une expérience commune, et ainsi de créer une émulation collective. Activité conviviale et chaleureuse, le moment du conte est idéal à mettre en place en intérieur dans un contexte hivernal !
Actoibi Laza a reçu les contes de tradition mahoraise depuis son enfance. Il s’attache aujourd’hui à partager cette richesse en intervenant dans différentes structures pour conter auprès d’enfants de tous âges. Il partage avec les lecteurs et lectrices de Yakamédia quelques techniques pour mettre en place une séance.
Démarrer la séance de contes : permettre l’écoute et susciter l’envie
Selon Actoibi, il faut déjà penser à comment intégrer les enfants dans le conte, et selon la composition et les spécificités du groupe (âge, capacité d’attention, etc…). Il insiste sur l’importance de motiver les enfants et de garder leur concentration, conserver leur attention. L’utilisation des comptines, d’instruments de musique ou d’enregistrements sonores peuvent aider à accompagner le voyage, selon lui. Par exemple pour motiver les plus jeunes, Actoibi utilise des comptines. L’animateur peut donc utiliser des instruments ou des enregistrements sonores pour accompagner le voyage.
Incontournables du conte, les formulettes (« il était une fois », « jadis », « halé halélé : gombé » en mahorais) sont utilisées par le conteur tout au long du récit, et permettent de mettre du rythme. Par exemple, lorsque Actoibi dit « halélé » son public répond en chœur « gombé » : la répétition de ces formulettes constitue le refrain de l’histoire. Des mots ou des formes simples se répètent d’étape en étape pour relancer la dynamique du récit et favorisent ainsi l’écoute et l’envie.
Écrire le conte avec les enfants : lancer des devinettes et des questions-réponses
« On va écrire le conte ensemble » explique Actoibi au début de certaines interventions contées. L’idée est que chacun·e contribue au récit.
Dans la tradition du conte mahorais, où les devinettes ont une place importante, Actoibi raconte comment il les utilise pour intégrer l’enfant au conte : « c’est assez simple à mettre en place et permet à l’enfant de rentrer dans le jeu, d’y contribuer, et ainsi de maintenir un certain niveau de concentration ».
Actoibi aborde également l’utilisation des questions-réponses pour permettre à chacun d’enrichir le conte par une intervention orale. Par exemple, des phrases comme « si vous étiez… vous seriez ? » peuvent être lancées.
« Il est important de prendre soin lors de ces séances de contes d’observer le comportement de chacun des enfants pour les interpeller positivement s’ils sont moins actifs », partage-t-il également . Pour cela, il propose de repérer le nom des enfants et de les identifier à certains personnages du conte, en prenant soin que les comportements choisis soient positifs. Une manière d’impliquer fortement les enfants dans les histoires racontées.
En revanche, le conteur conseille d’éviter de transformer le récit en moment d’échange un peu trop intensif. Selon Actoibi, l’intérêt d’un conte est qu’il est porteur d’un message. Pour que les enfants puissent suivre, il est important de laisser du temps, de ralentir dans la manière de conter, pour « créer un vide » afin de laisser place à l’imaginaire de chacun d’opérer. Après, le conteur peut prévoir un temps d’échange sur les histoires et les ressentis.
Ouvrir un espace d’échange pour terminer la séance
Après la séance de contes, il est idéal pour Actoibi de proposer un temps pour échanger et éventuellement débattre ensemble. « Cela permet à chacun de s’exprimer sur ce qu’il a vécu et compris en le partageant aux autres. C’est un moment où chacun peut donner son point de vue. Cela permet également à celles et ceux qui n’auraient pu participer oralement aux sollicitations durant le conte d’avoir un temps de parole. »
Actoibi précise que le choix du conte en dépend : « qu’est-ce que je choisis d’aborder comme sujet, comme phénomène ? ». Dans ce temps, le conteur invite l’enfant à la réflexion active autour du récit : il a l’occasion de partager son expérience mais aussi d’entendre et recevoir celles des autres. Une réelle occasion pour lui de mettre en perspective ses idées avec celles des autres.
Pour aller plus loin : quelques éléments supplémentaires pour préparer sa séance
- Choisir un lieu adapté pour la séance afin que le groupe soit confortablement installé et que la concentration puisse être optimale.
- Limiter la durée de la séance en tenant compte de l’âge du public (pas plus de 30 minutes pour des maternelles, 45 minutes pour les plus grands, 1h max pour les adolescents).
- Choisir un ou des contes que l’on connait bien afin de ne pas le lire et être en mesure de le raconter avec ses mots.
- Raconter au présent pour permettre à l’histoire de se dérouler maintenant, dans le moment du conte.
- Identifier un moment qui revient chaque jour, ou chaque semaine pour permettre de ritualiser un rendez-vous, de susciter de l’attente.