Tous en selle
Tous en selle à 15h30, devant le garage. Le groupe est là, tout excité et j’ai un peu de mal à contenir l’enthousiasme. À travers la vitre, chacun s’est déjà approprié un vélo. J’ouvre la porte, les fais entrer et je les invite à passer à la séance d’essayage du casque. Tous rechignent en précisant que chez eux, ils ne mettent jamais de casque. J’insiste : « En centre de vacances, c’est obligatoire pour pratiquer l’activité en toute sécurité ». Finalement tout le monde obtempère et chaque vététiste en herbe déniche un casque. Les vélos trouvent rapidement un propriétaire impatient qui se rue à l’extérieur. J’ai juste le temps de lancer : « Vous serrez les casques et vous m’attendez ! » Je reste quelques instants à l’intérieur du garage pour régler le casque de Fatima et en sortant, je me trouve face à une scène plutôt mouvementée. Karim, Nicolas et Kevin s’en donnent à cœur joie : accélération, freinage, dérapage en règle de la roue arrière avec le pied tendu touchant le sol style « champion ». Une fois, deux fois, trois fois, ils enchaînent sans relâche leur figure favorite avec invariablement un petit regard vers moi. Jérémy et Fatima attendent, quant à eux, le vélo à la main et guettent ma réaction. J’évalue la situation et finalement, je me tourne vers eux deux : « Ben alors ! Qu’est-ce que vous attendez?»
S’adapter et pédaler
J’enfourche mon VTT et me lance dans la bataille. Accélération, freinage, dérapage. Au bout de quelques instants, tout le monde est de la partie. Puis, je lance une nouvelle figure : freinage du frein avant et soulevé de la roue arrière !
– Super facile ! dit Karim.
Sa piètre performance déclenche l’hilarité du groupe. Vexé, il s’éloigne et lance un nouveau défi : une butte de terre plutôt raide à monter sans s’arrêter. Il s’élance et s’arrête en plein milieu, debout sur ses pédales. Le développement choisi est assurément trop élevé.
– Change de vitesse !
Trop tard, il faut réessayer. Petit à petit, tout le monde se lance, puis de nouveaux défis arrivent. Après la montée infernale, la descente impossible. Devant le raidillon à prendre dans l’autre sens, j’organise un peu les passages. Un par un, en laissant de l’espace entre chaque pilote. Je me place dans la pente pour sécuriser la descente et parer une éventuelle chute. Au bout de quelques minutes, tout le monde a réussi sans problème. Les enfants me regardent dans l’attente de nouvelles épreuves. Je rallonge le parcours : traverser le centre, contourner les bâtiments, aller dans la pinède. Les obstacles se multiplient ; montée, descente, bascule installée avec une planche et un moellon, traversée d’échelle dans le sens de la longueur, virages à angle droit, chicanes… Nous testons et sécurisons tous les passages.
Chacun son braquet
Au bout d’un moment le parcours est fin prêt. Nous l’essayons tous ensemble, puis chacun se met à évoluer en autonomie sur le tracé. Karim s’attarde sur la bascule pour la passer de plus en plus vite. Jérémy enchaîne les épingles à cheveux sans poser le pied. Fatima et Séverine tournent tranquillement sur le parcours. Chacun va à son rythme et choisit sa manière de l’utiliser et d’évoluer. Certains font des expérimentations modifiant la hauteur de selle, le gonflage des pneus et les braquets pour voir si cela peut influer sur leur performance. J’en profite pour descendre de vélo, me balader sur le parcours et compléter les expériences par quelques conseils techniques pour rendre leur position sur le vélo plus confortable et plus efficace. Kevin qui n’avait pas voulu démordre du beau vélo bleu se rend maintenant compte qu’il est trop grand et change pour le petit jaune plus adapté à sa taille. Je propose quelques évolutions pour l’utilisation du parcours dit cross country ou X-country en langage VTT. Après la traditionnelle épreuve du chrono, c’est le moment de faire entrer la technique en jeu. On chronomètre toujours, mais les pieds posés par terre sont autant de pénalités qui alourdissent le résultat. Puis, on supprime le temps, on compte juste les pieds à terre. Qui réussira à faire un tour complet sans toucher le sol ? Enfin, on évolue à deux : un pisteur se place devant et un suiveur passe obligatoirement au même endroit. À la fin de l’après-midi, même si l’activité VTT a pris un tour inattendu, tout le monde en redemande : « On pourra revenir demain ? »
Cet article est issu du Dossier 21 Activités physiques et sportives de la revue Les Cahiers de l'animation Vacances-Loisirs