«Boma, boma de», Les ogres sont là !
Terrain: la pleine nature convient bien si l’on dispose d’un espace plat autorisant le traçage d’un cercle qui symbolisera le refuge, et dont le diamètre augmentera avec le nombre des joueurs. Ce terrain doit comporter de nombreuses cachettes à proximité, et permettre de courir sans danger - Effectif: au minimum 9 joueurs : 4 couples mère-enfant, plus l’ogre. Le cercle-refuge possède alors environ 4 mètres de diamètre. On peut admettre une vingtaine de joueurs - Âge: on peut profiter de ce jeu pour faire jouer ensemble des enfants jeunes et des adolescents, ces derniers étant évidemment ceux qui porteront les premiers sur leur dos - Structure: c’est une structure typique «un contre tous». Actions dominantes Chanter, porter, se cacher, fuir, poursuivre, coordonner une action à deux.
Dans la version d’origine, la mère porte l’enfant aussi bien dans le cortège que dans les autres phases du jeu (recherche de cachettes, fuites…). Porter est un savoir-faire actuellement oublié dans les jeux des villes, mais que l’on peut réhabiliter avec des jeunes gens robustes ou des groupes hétérogènes dont les «mères» seraient nettement plus «fortes» que leurs enfants.
Le jeu commence
L’ogre est désigné selon les procédés habituels de la tradition, tels que par exemple «pied dessus-pied dessous», «chi-fou-mi», ou comptines diverses. Il se place au centre du cercle, un foulard à la main, prêt à s’en bander les yeux. Les autres joueurs se mettent par deux autour du cercle, l’un jouant le rôle de la mère, l’autre celui de son enfant; au début du jeu, la mère donne la main à l’enfant. On peut prévoir un signe distinctif pour les mères et pour les enfants, utile dans la suite du jeu.
La phase de dialogue chantonné peut alors commencer: l’ogre, les yeux bandés, chantonne : «BOMA, BOMA DE» (Les ogres sont là). Les couples mère-enfant marchent en cortège sur le pourtour du cercle et répètent cette strophe, reprise 4 à 6 fois selon la même alternance: ogre-joueurs. Les couples doivent mimer toutes les actions qui leur sont commandées par l’ogre. L’ogre a l’initiative des couplets : «EGBE MAGNI PAN», portez votre enfant (à cet instant, chaque mère prend son enfant sur le dos).
Les dialogues chantés, les portages et les mimes se poursuivent. «E TO JU OMAGNI», prenez soin de votre enfant (caresses et gazouillis affectueux). «E FU OMAGNI LONJE», donnez à manger à votre enfant. «KISSI FU MAGNI», embrassez votre enfant. «E MA LO», allez-vous en.
C’est le signal de fuite vers les cachettes. L’enfant met pied à terre, donne la main à sa mère et ne doit plus la lâcher, sous peine d’être considéré comme capturé. Pendant ce temps, l’ogre continue à chanter «E MA LO», émet quelques onomatopées menaçantes, puis crie plusieurs fois: «ODA BO », au revoir, (pour donner aux joueurs le temps d’atteindre une cachette). Enfin: «BO LI», c’est fini. (C’est le signal du début des recherches et des poursuites. L’ogre enlève son bandeau et part en chasse).
Déroulement du jeu
L’ogre cherche… Quand il découvre un couple, il peut capturer un enfant par simple toucher (la mère, dont le rôle est de protéger et de guider son enfant, n’a pas à être touchée). Quand une mère et un enfant se lâchent la main, ils sont considérés comme capturés. L’objectif de l’ogre est de capturer le plus grand nombre possible d’enfants, afin qu’aucun d’eux ne puisse rejoindre le refuge (aucun, ou seulement un tout petit nombre). La réussite de l’ogre dépend donc d’une stratégie équilibrée entre le rapprochement et l’éloignement du refuge.
Le jeu s'achève
Chaque couple peut, soit être capturé, soit réussir à pénétrer dans le refuge. Quand tous les couples en sont là, la partie s’arrête. Les joueurs se regroupent et palabrent sur ce qui vient de se passer… Ils constatent publiquement les réussites ou les échecs, et commentent les stratégies des mères et les conséquences des différentes tactiques. La partie suivante peut donc commencer; l’ogre sera choisi parmi ceux qui ont réussi à revenir au refuge sans se faire prendre (si tous les enfants ont été touchés, l’ogre reste dans son rôle). On peut garder les mêmes couples ou en constituer de nouveaux selon la situation
Remarques pédagogiques
Le rôle de la mère est important et mérite d’être signalé: il est de porter son enfant, mais aussi de le conduire dans les meilleures cachettes et de prévoir de bonnes stratégies d’évitement.
Ce jeu permet de faire intervenir ensemble des enfants d’âges franchement différents, moyens et grands, ou même petits et grands (le rôle des mères étant, bien entendu, tenu par les grands ou les grandes).
Cette formule, qui introduit l’hétérogénéité des joueurs en accord avec des rôles consistants (mères protectrices, enfants moins autonomes), est intéressante, notamment dans un environnement qui tend en permanence à séparer les catégories d’âge.