Fête de printemps
Je marchais en ville, quand j’entendis des sons de tambours. Je vis un peu plus loin un groupe qui longeait les quais et venait dans ma direction. Je m’arrêtai, me mis sur le côté et regardai la totalité de ce défilé haut en couleur et en sons qui passa devant moi.
Une cinquantaine de très jeunes enfants, accompagnés par quelques adultes traversaient la ville, dans une sorte de carnaval « festif ». Ils marchaient regroupés en fonction de leur type de déguisement. Il y avait le groupe des arbres, des fleurs, des arcs en ciel et des coccinelles. Les adultes qui les encadraient jouaient du tambourin et dansaient l’air enjoué. Tout au long du cortège, des parents photographiaient les enfants pour immortaliser l’évènement. Un ensemble à la bonhomie d’apparence sympathique, mais qui pourtant me laissa une impression étrange. Les adultes, qui organisaient et accompagnaient le défilé étaient visiblement impliqués dans cette activité, pour laquelle ils montraient un intérêt et un plaisir apparent. Mais le rôle des enfants dans ce cortège sur le thème de la défense de l’environnement était, lui, nettement moins évident. Je voyais passer des petits groupes d’arbres, de fleurs… dans des costumes standardisés que des mains expertes avaient dû construire. Des déguisements, pour lesquels ces enfants de moins de 5 ans avaient, au mieux, mis un peu de peinture, là où on le leur avait dit et avec les couleurs idoines. Durant tout le défilé, l’implication des adultes contrasta de manière déroutante avec l’apparente passivité des enfants qui marchaient engoncés dans leurs costumes de défenseurs de l’environnement en herbe.
En regardant ce cortège, je m’interrogeai. Quelle place les adultes laissent-ils à l’activité des enfants pour leur permettre de connaître le milieu naturel, de se l’approprier et de percevoir sa fragilité et sa nécessaire protection ? Avec des intentions sans doute louables, image et apprentissage ne sont-ils pas souvent confondus ? Ne met-on pas les enfants dans une situation d’apparence qui consiste à montrer, affirmer et simplifier plutôt que découvrir et construire des savoirs et des opinions ? Il peut y avoir mille et une façons de mettre les enfants en situation de découvrir la nature. Faire des jeux, se cacher, construire, se déguiser, imaginer ce que l’on pourrait faire avec des éléments naturels, s’interroger sur ce qui peut être prélevé, essayer, comparer, tester les idées des uns et des autres, jouer avec l’éphémère ou le plus durable… sont des activités d’une grande richesse, qui peuvent amener les enfants à investir le milieu naturel, apprendre à mieux le comprendre et s’interroger sur la manière d’en prendre soin. Mais être actif peut aussi être simplement écouter, regarder, sentir, percevoir…
Le défilé étant passé, je repris ma route et le bruit des tambourins se dissipa…