La neige n’aime pas que le ski !

Image par Pezibear de Pixabay

Il existe des séjours d’hiver où les équipes d’encadrement auraient tendance à oublier le béabat des valeurs que défendent les vacances collectives de mineur·e·s. Où tout est organisé comme un stage commando avec pour seul objectif : faire du ski, que du ski, et ce aux dépens du respect du rythme des individus, en niant les besoins des enfants. Il est primordial que tout ne tourne pas autour des spatules ou de la planche de surf. Important que les participant·e·s puissent trouver un équilibre entre leur envie de profiter du séjour et la nécessité de gérer leur fatigue. L’activité « ski » doit rester un choix. Il est nécessaire de pas oublier que le fonctionnement est avant tout au service des personnes en vacances et non l’inverse, c’est une condition nécessaire à la réussite des séjours.

Par Daniel Coz

L'enfant peut décider de faire ou de ne pas faire

Les vacances à la neige sont souvent des vacances coûteuses et cette relation financière fait que souvent les parents tiennent un discours très consommateur à leurs enfants : "Nous t'offrons six heures de ski par jour sur une semaine. il faut que tu y ailles à chaque sortie." Ce discours est malheureusement. trop souvent écouté et accepté par certaines équipes éducatives. Un séjour à la neige est bien un moment de vacances qui mérite une réflexion sur le rythme individuel dans le cadre d'une activité. L'activité principale étant le ski, activité physique importante, elle doit être proposée tout en acceptant que chaque enfant la vivra avec des «ressentis» personnels et individuels.

Seul l`enfant saura évaluer son envie de faire ou de ne pas faire, seul l'enfant pourra gérer sa fatigabilité et l'équipe d'encadrement sera à ce moment précis bien à l'écoute de l'enfant. Acceptons que l'enfant puisse décider de faire ou de ne pas faire.

Un enfant en collectivité est bien un individu

Une expérience en collectivité oblige à certaines règles de vie commune et l'enfant ou l'adolescent accepte généralement très bien ces différents règlements et contraintes en vue d'une intégration rapide dans le groupe. Accepter d'adhérer à un groupe d'individus ayant un objectif commun (en outre ici, un séjour à la neige) signifie t-il accepter le fait d'anesthésier toute initiative individuelle ? L'enfant en collectivité est bien un individu pensant, réfléchissant, aimant, existant... Pour qu'il s'épanouisse au sein de ce groupe tout en l'utilisant comme outil facilitant différentes attentes (échanges. dialogues, apprentissages...), le groupe se doit de respecter l`individu et non lui retirer son identité et son libre arbitre.

Une approche individualisée de l'activité

Dans le cadre précis d'un séjour à la neige, l'activité ski reste à la disposition de l'enfant et ne doit en aucun cas lui être imposée. Cette mise en situation demande une organisation précise et des moyens humains plus importants que le minimum imposé par les services de tutelle. Une approche individualisée dans le cadre de l'activité ski favorisera la constitution de groupe de skieurs volontaires, se fixant des objectifs communs qui ne seraient en rien contrariés par des enfants imposés dans le groupe. ll faut accompagner individuellement les enfants n'adhérant pas à l'activité à ce moment précis de la journée en vue d'atteindre d'autres objectifs tout aussi intéressants.

Mickaël et Jérôme ne souhaitent pas aller au ski ce matin alors que tout le groupe est déjà prêt à partir. Philippe, l'animateur se propose de les accompagner dans cette matinée improvisée. Une rapide réorganisation s'opérera dans les minutes suivantes sans déranger l'organisation du ski, car un animateur était en surnombre sur le groupe ski. La structure d'accueil est bien à la disposition de l'enfant et non l`inverse.

Nathalie et Sandra aimeraient rester seules dans l'établissement et prendre le temps d'une matinée afin de faire du courrier et de "rêvasser". En cas de problème, elles savent qu'elles peuvent s'adresser à Stella qui effectue son service de ménage aux étages.

Le projet pédagogique du séjour prévoit bien des moments de pleine autonomie. L'équipe d'encadrement peut à tout instant réorganiser un temps d'activité en tenant des envies et attentes de l`enfant. L`animateur ne fait pas à la place de l'enfant mais l'accompagne pour lui permettre de réaliser son projet vacances.

Par Guillemette Lamy

Un séjour de cent cinquante enfants à la montagne en février. Ils n'ont pas tous le même âge (entre 6 et 12 ans) et pas tous le même niveau de ski (normal). Casse-tête collectif : Comment va-t-on s'organiser pour partir sur les pistes (pas tous à la même heure) pour faire les groupes, pour gérer les douches au retour? Heureusement le directeur qui fait ce séjour depuis plusieurs années a mis au point une organisation exceptionnelle, peaufinée au fil des séjours et qui règle tout.

Une journée type

8h30 - 9 heures
Réveil, lever des enfants.
9 heures - 9h30
Petit déjeuner.
9h30 - 10 heures
Toilette, lits, rangement des chambres.
10 heures - 12 heures
Appel des enfants, mise en place des groupes. Faut bien deux heures pour appeler cent cinquante enfants un par un dans une salle tout en maintenant le calme.

Pourquoi fait-on des groupes ?

Parce que le niveau de ski des enfants évolue tous les jours et qu'il faut remodeler les groupes en fonction. Sans compter les "fortes têtes" pour qui un séjour d'une journée chez les débutants fera le plus grand bien. Donc, les animateurs (par deux) accueillent leur groupe, refont l'appel (au cas où...) et marquent les joues des enfants aux couleurs du groupe (peinture ou feutre ? Ça, on ne sait pas).
12 heures - 13 heures
Repas avec les copains de la même couleur. "J'voudrais manger avec ma copine !". "Impossible, elle fait mieux du ski que toi". Subtilité : cela permet aux groupes de quitter la salle à manger à des heures différentes en fonction de leur niveau. Cela permet des statistiques autres : les bons skieurs mangent plus vite que les mauvais.

Et si on ne veut pas aller skier ? Pas de problème. on peut rester dans sa chambre, deux animateurs restent là pour nous surveiller.  Mais ça arrive rarement paraît-il.
Fin du repas - 17 heures
Ski. Les couleurs. c'est pratique sur les pistes, cela permet de repérer les enfants de son groupe. Car forcément, comme on change tous les jours, faut bien des points de repère !
17 heures
Retour au centre - Douches.
Autre subtilité : les couleurs c'est pratique. on remarque tout de suite les enfants qui ne se sont pas douchés, ils ont encore les marques ! (ce qui ne prouve pas que ceux qui n'ont plus les marques se sont lavés ! grand naïf !). Faut pas prendre les enfants que pour...
19 heures - 20 heures
Repas.
20 heures - 21 heures
Veillée puis coucher. Ça c'est de l'organisation !

Les poètes qui veulent gérer les envies de chacun, les rythmes individuels et autres sornettes... et qui ont bien du mal à trouver des solutions, feraient bien d'en prendre de la graine !...