L'atelier bois, plus accessible qu'il n'y paraît
Roi des activités manuelles, l’atelier bois contribue à développer l’imaginaire en donnant l’occasion de mener un projet de sa conception à sa réalisation. De plus les intérêts pédagogiques liés sont légions : apprendre à travailler en groupe, apprendre à être organisé, développer la motricité, la communication, la prise d’indépendance, etc. L’atelier bois a toute sa place en séjours de vacances, c' est souvent une bonne idée.
Toutefois, admettons-le, elle peut faire peur à de nombreux animateurs débutants ou confirmés notamment sur l’aspect sécuritaire. Beaucoup ont du mal à s’imaginer confier des objets tranchants, contondants ou lourds à de jeunes enfants. Nous ne cherchons pas ici à mettre en cause ce sentiment. Ce n’est pas le but. Notre but est de donner des éléments de réponse face à l’appréhension légitime que cette activité peut susciter.
Penser les étapes
Tout est dans l’organisation. Aussi simplement résumée que cela, la tenue de l’atelier bois nécessite bien évidemment de penser son déroulement en amont.
Le choix du lieu est primordial ; il est nécessaire d’avoir de la place pour se déplacer librement entre les espaces de travail. Le maniement des outils doit se faire avec beaucoup de précautions et un espace aéré ou les acteurs ne se marchent pas dessus est essentiel.
« Si l’endroit est fonctionnel suscitant et sécurisant c’est une grosse partie du travail qui est fait. » nous assure Josselin formateur aux Ceméa Pays de la Loire. « C’est sûr que cela demande, au départ, un accompagnement de l’équipe sur ce qu’il est possible de faire. Il y a quelques bons gestes à intégrer mais après on commence à s’amuser très vite ».
« L’utilisation des outils est complexe pour des enfants » serait-on tenté de penser. « Un couteau ça peut autant couper un steak que servir à agresser quelqu’un. Ce n’est pas l’outil qui est dangereux mais l’utilisation qu’on en fait, d’où l’importance de la sensibilisation » répond Julien formateur aux Ceméa Pays de la Loire. Même les objets du quotidien peuvent être dangereux s’ils sont mal utilisés.
Et pourtant, les accidents sont plutôt rares dans les ateliers bois comme en témoigne Julien : « Je n’ai jamais eu d’accident dans un atelier bois. J’ai déjà eu des enfants qui se font des égratignures, qui se mettent des coups de marteaux sur les doigts {…} mais je n’ai jamais eu d’accident nécessitant d’aller à l’hôpital à cause d’un atelier bois ».
Tout est une question de pédagogie. Prévoir un temps en amont avec les jeunes pour les sensibiliser à l’utilisation des outils est obligatoire. Il n’est pas recommandé de donner un outil à un enfant sans lui dire comment l’utiliser. C’est une question de bon sens . Des enfants d’un même âge n’ont pas forcément la même maîtrise de l’outil. Chez certains cela sera naturel alors que d’autres auront besoin d’un accompagnement plus poussé. C’est pour cela qu’il faut bien connaître son public avant de proposer cette activité.
Une activité inclusive
Ce qui fait la force de cet atelier c’est qu’il est accessible à tout le monde. La question de l’âge intervient quand il s’agit de choisir les outils que les enfants auront le droit de manier. Il n’ y a pas de recommandations particulières, chaque équipe doit elle-même estimer la capacité de son groupe. Il faut avoir des ambitions à la hauteur de ses compétences. Ne pas voir trop grand au début et se concentrer sur des constructions plus « réalistes ».
De plus en complément de l’atelier bois, on peut proposer un atelier décoration pour agrémenter sa création.
Le but est d’encourager la créativité de chacun selon son niveau. Un enfant ou un animateur qui dit ne pas être capable de le faire ne l’a probablement jamais expérimenté. Bien évidemment on ne doit forcer personne, c’est la base de l’animation. Encore une fois, un peu de pédagogie et de jeu sur l’imaginaire de l’atelier bois convaincra les plus récalcitrants.
La sécurité : le plus évident
L’aspect le plus craint de l’atelier bois est bien évidemment l’aspect sécuritaire. Oui, l’atelier bois est source de « bobos ». coup de marteau sur le pouce, coupure à la scie, échardes, etc. Le risque zéro n’existe pas, comme n’importe quelle activité serait-on tenté de dire.
C’est un point qu’il faut rappeler dés le début à son groupe. Les incidents font partie de l’atelier. L’adage dit que c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Les erreurs existent et servent même à s’améliorer ; chaque incident doit servir à remettre une couche de prévention. En identifiant l’erreur qui a été commise il sera beaucoup plus clair pour des enfants de comprendre l’importance de la précaution.
Nous avons vu avec tous ces questionnements que l’atelier bois est bien souvent victime de sa réputation. Loin d’être particulièrement dangereux, il révèle toute sa richesse une fois les principes de précaution bien établis Pouvant s’accorder avec n’importe quel imaginaire, il n’est pas seulement enrichissant pour des enfants mais aussi pour les animateurs.
C’est un exercice certes difficile à appréhender mais à la portée de n’importe quel animateur débutant ou confirmé. Il n’est par exemple pas déconseillé, pour les stagiaires les plus téméraires, de mener cette activité pendant son stage. Il est un excellent révélateur de la capacité d’un animateur à préparer et tenir une activité sur le long terme tout en développant un imaginaire. Il faut évidemment bien connaître son groupe avant de la proposer pour avoir une idée des niveaux de chacun.
Réveillez le charpentier qui sommeille en vous.