Au fil des jours, accueillir encore et toujours par les mots, par les gestes, par l’activité
Il va falloir intégrer dans notre pensée, avoir sans cesse à l’esprit que les temps changent, et que désormais il est nécessaire de réfléchir d’ores et déjà à une organisation pérenne qui prenne en compte les protocoles divers qui vont jalonner l’avenir, sans nul doute. Et garder en tête et dans la pratique les valeurs défendues (entre autres celles de l’éducation nouvelle, de la pédagogie institutionnelle) qui vont prévaloir au sein d’un corpus de règles pas si contraignantes que ça et qui vont nous permettre d’inventer quelque chose (il n’y a qu’à voir les belles créations constatées de par le monde) ou de faire presque comme avant en nous servant des contraintes pour magnifier le fonctionnement. Souvenons-nous de ce que l’accueil de personnes séropositives a provoqué comme réflexion chez bon nombre d’entre nous : si nous faisons attention à tout le monde, les personnes séropositives voient aussi comme les autres leurs besoins respectés. Les protocoles ne sont pas un écueil mais bien une chance pour revisiter nos intentions pédagogiques à l’aune de l’incidence d’un événement inattendu. Interroger la notion d’accueil, d’être hôte, hôtesse est un sujet captivant. Et qui dépasse le présent.
Accueillir, contre vents et marées
Dans tout acte d’accueil Il y a un savant tissage de retenue et d’attentions apportées à l’autre, à ce qu’il ou elle est. À la fois une présence mais aussi imperceptible que possible, disponible quand il le faut, prévenance mais discrétion, sans envahissement de l’intime confort de chacun et chacune.
Les gens arrivent, cherchent où aller, il faut qu’ils trouvent, que jamais ils ne se perdent. Il y a des groupes, des parents, des enfants, les déjà arrivé·e·s devisent...ou jouent déjà.
il ne se passe rien et tout est possible.
L’atmosphère est détendue, l’aménagement propice à l’appropriation des espaces, de l’espace, les explications succèdent aux explications, laissant une place à part entière aux silences, au silence.
Certain·e·s sont déjà à l’aise, en pays de connaissance, pour d’autres c’est une première fois et comme toutes les premières fois il y a de l’appréhension, il s’agit de la percevoir et de l’apaiser sans tapages.
Accueillir c’est permettre la certitude de commencer une journée en pleine confiance.
Accueillir c’est se dire qu’ il y a toujours un rien qui bourdonne, un fil ténu qui maintient la réalité de l’hospitalité. Quelque chose de filigrané, d’imperceptible dont les effluves invitent au bien-être.
Réfléchir les aménagements (voir à ce sujet le n° 27 - 3è trimestre 1999 - des Cahiers de l’Animation : « aménager l’espace ») est une condition sine qua non de temps d’accueil réussis. En effet le fait d’accueillir s’accompagne inévitablement d’un grand soin apporté à l’agencement des espaces, aux facilités de circulation, à l’existence de coins tranquilles repérés (d’autres s’avérant plus enclins à accueillir celles et ceux qui remuent) d ‘un affichage clair et visible, et tout ceci dans le plus strict respect des règles édictées à l’occasion de situations particulières. Pour celle qui nous intéresse, le port d’un masque, une distance de sécurité, la désinfection des ustensiles, jouets ou du matériel éducatif ne sont que des intrigues dans le microcosme que constitue tout moment d’accueil. Mais des intrigues à prendre en compte, dont il faut comprendre la moelle afin de transformer ces obligations en action et le temps qui passe en aventure. Il va falloir sans doute fixer une répartition des rôles, une organisation de l'espace, des transformations de jeux, d'activités, des habitudes parfois différentes des précédentes, mais parfois aussi très proches. On va sans doute s’apercevoir que souvent les processus seront les mêmes. Ou pas !
On va devoir (et pouvoir) réinventer des signes, des codes pour toutes les situations où la distanciation nous met en difficulté et ainsi les installer durablement parce qu’on aura découvert que l’attention ne doit se relâcher en aucune circonstance.
Comment se dire bonjour, au revoir à distance ? Comment se faire des bisous, des câlins à distance ?Comment se sourire ? Comment se dire qu'on s'aime ? Comment se dire des secrets à distance ?Comment consoler et être consolé.e ? il y a là une mine de trouvailles à faire, une palette d’inventions à initier. Peut-être instituer un livre de bord, un carnet de voyage...collectif et/ou individuel.
Inventer des « Emoticônes » sous forme de masque sur le masque... des gestes et signes plus représentatifs pour ceux.celles qui ont du mal à s'exprimer seulement avec les yeux et la voix.
Apprendre les signes de la LSF ? les adultes peuvent avoir des idées, proposer une mise en place au départ pour rassurer tout le monde, organisateurs, parents et enfants. Mais les enfants et les jeunes doivent avoir leur mot à dire sur cette organisation, pour pouvoir l'améliorer, l'assouplir ou la remettre en cause. Qu'est ce qu'on a envie de vivre ensemble ?
Relation aux familles
La situation exceptionnelle que viennent de vivre tous.tes les habitant.es du territoire français est inédite et a amené chacun.e à vivre et ressentir les choses de manière très différente (peurs, angoisses, questionnements, doutes, sentiment de pouvoir se (re)poser, etc.). Les parents et leurs enfants ont été amené.es dans ce contexte à vivre de manière quasi permanente ensemble pendant plusieurs semaines. La cohabitation et parfois la confusion des différents espaces a été complexe (espace de vie intime, espace de jeu, espace de travail, espace scolaire, etc.) et la sortie de confinement a permis à chaque membre d'une famille de reprendre un "peu de distance", après des semaines de promiscuité.
Le retour des enfants dans des espaces collectifs peut cependant entraîner chez les parents et chez les enfants des réactions contrastées, ambivalentes voire paradoxales (contentement de reprendre une vie "normale", mais inquiétude que les enfants soient exposé.es à un risque de contamination, etc.).
Si les adultes professionnel.les vont organiser le retour des enfants dans les structures scolaires, périscolaires et de loisirs, et vont donc faire revivre un collectif, il reste important et sans doute nécessaire de penser ce "ré-accueil" en lien avec les familles, afin que cette étape de transition soit la plus tranquille et paisible possible. L'écoute des questions, des doutes et des peurs sera sans doute indispensable pour éviter que les enfants ne soient tiraillé.es entre des discours d'adultes qui pourraient être contradictoires.
► Ré-accueillir les enfants, c'est aussi ré-accueillir les parents
Un temps de réunion en petits effectifs pourraient être un "+", pour relancer les accueils.
► Un mur d'expression pour les familles pourrait être mis en place pour permettre une expression libre
► Un temps de discussion autour d'un café peut permettre d'écouter les questions, les inquiétudes et ainsi tenter de donner les éléments clefs liés à l'accueil (les règles mises en places, la manière de les construire, les possibles malgré tout, etc.)
► Un espace numérique dédié (tel qu'un bloc-note partagé de framapad) peut permettre de créer un espace de questionnements géré et animé par un/des membres de l'équipe : donner les éléments du projet d'accueil et de ses conditions de mise en oeuvre, proposer des thématiques d'échange : les questions posées par les enfants, les activités mises en place, "ce qu'on fait ensemble aujourd'hui?", des liens vers des photos prises pendant les activités, un espace de questions-réponses des parents, etc.
► Un temps de réunion proposé au bout de quelques jours de reprise, pour parler de ce qui s'est vécu, répondre aux questions, entendre des propositions nouvelles, etc.
Accueillir la parole
Prendre le temps de l'accueil, de refaire connaissance, de se retrouver, de parler à et d’entendre chaque enfant, réinstaller des rituels, mettre en place des activités d'expression et de médiation pour pouvoir dire les émotions tels sont les enjeux de ce chapitre.
Écouter pour entendre ce que les enfants ont à dire, ou à exprimer : laisser venir le questionnement sans le provoquer, cela suppose de mettre en place des lieux d'expression et une écoute « active » :
Laisser parler, ne pas interrompre ou répondre trop vite pour bien entendre ce que dit l'autre, reprendre ce qu'il.elle a dit pour lui demander si c'est bien ça plutôt que de rebondir ou de réagir, mettre des mots sur les émotions ressenties – en particulier pour les plus petit.es qui ne savent pas toujours le faire.
Pour cela plusieurs entrées sont possibles :
■ Les jeux d’écriture (acrostiches, cortèges, cadavres exquis, lipogrammes, anaphores…). Attention, ce type d’écrits est plus complexe qu’on ne le croit et convient plutôt aux enfants qui maîtrisent l’écriture et la lecture.
■ Des jeux de connaissance renouvelables à l’infini. L’exemple des petits paquets étant à ce titre édifiant : on nomme deux affirmations ou interrogations, les personnes qui aiment lire vous allez de ce côté et celles qui n’aiment pas lire de l’autre côté. Ou les enfants qui adorent Dora l’exploratrice et ceux et celles qui préfèrent mini-loup. Les participant.e.s doivent choisir un camp et, s’il.elles le veulent, préciser la raison de ce choix. Ainsi à chaque nouvelle proposition il y a brassage des joueur.euses. Les items sont à discrétion et le jeu peut se jouer toute l’année.
■ Un rituel inventé et fixé par le groupe d’enfants (code, parcours, petit chant…)
■ Des coins de toutes sortes avec un règlement intérieur pour chacun d’eux permettant le libre accès tout en assurant une sécurité maximale.
Et au fil du temps d’accueil...
...Quand un petit groupe est au complet, prendre le temps de le réunir pour un temps de parole.
L'animateur.rice souhaite la bienvenue au groupe et lui fait savoir le plaisir de se retrouver. Il.elle présente la journée. Il.elle explique aux enfants ce qui n'a pas changé. Et leur demande ce qui va être différent à leur avis du point de vue des règles à suivre. Ces instants d’échanges constituent un excellent point de départ pour un dialogue autour du protocole et de la survenue du virus dans le vécu de chacun.e.
Les enfants vont expliquer ce qu'ils ont compris des « nouvelles » consignes et de leur raison d'être. Il.elle prend le temps de les écouter, complète pour dire ce qui est possible ou pas, leur annonce aussi qu'on va vivre avec ces contraintes, et enfin les rassure en leur disant ce qui est prévu et qu'on fera le point le soir pour en parler et éventuellement les améliorer.
Le soir (ou le lendemain matin) il sera judicieux d’instituer un premier temps de "conseil" pour envisager avec les enfants les aménagements qu'on peut apporter.
Des lieux de parole institués
Les accueils collectifs sont des espaces de confiance où toutes les choses à dire peuvent être dites, sans crainte ni de jugements, ni de moqueries.
L'enfant sait qu'il va retrouver ces temps régulièrement et qu'il pourra y parler et être écouté.e.
Là encore, la nouvelle donne sanitaire ne sera peut-être pas le sujet primordial pour les enfants. Et tant mieux !
Les espaces formels de parole sont de divers ordres :
Le Quoi de neuf :
Un temps du matin ou de l'accueil pour dire ce qu'on veut au groupe. Quelque chose de neuf par rapport à la veille ou aux jours précédents. ( que s’est-il passé depuis que le groupe s’est séparé : personnel, actualité, ressenti)
► On peut prévoir une inscription de ceux et celles qui veulent présenter quelque chose aux autres.
► Celui, celle qui parle est écouté.e jusqu'au bout. Il.elle essaie de dire "je" pour parler des ses émotions, ses réactions. Les autres enfants peuvent le.la questionner ou réagir brièvement. L'adulte évite d'en faire un temps de parole pour lui.
► Pas d'obligation de prise de parole. Confidentialité et non jugement.
► Pour les groupes qui ont du mal à s'écouter, on peut envisager un bâton de parole ou un « je prends- je laisse » dit à chaque prise de parole pour s'assurer que personne ne coupe.
► Un.e adulte anime au début, puis petit à petit, un.e enfant en est l'animateur.rice. Il.elle commence le quoi de neuf, donne la parole et clôt le temps. On peut utiliser des formules toutes faites et qui ritualisent le temps.
► Le temps est limité. (une durée de 10 mn est suffisante pour les plus petits, 30 mn peut-être envisagé pour les enfants d'âge élémentaire)
► L'adulte peut apporter lui.elle aussi une information au Quoi de Neuf.
Comment ça va ?
Au quotidien : un autre moment de parole peut être ritualisé en début ou en fin de journée avec un tour de table. Plusieurs méthodes : météo, un mot chacun.e sur comment il.elle se sent, pile de batterie, dessins, musique...
Attention à prendre en compte les impressions marginales (pour que quelqu'un.e n'ait pas l'impression qu'il.elle a parlé sans être entendu.e)
le Conseil (réunion d'enfants, d'ados)
Un moment ritualisé de parole pour prendre des décisions ensemble concernant la vie du groupe ( Règles, fonctionnement, activités, conflits …), c'est sur la durée que la parole deviendra libre.
Le cadre y est formalisé : durée, moment, rôles – animateur.rice, secrétaire - modalité de prise de parole et d'écoute
La parole de chacun.e est protégée. Le cadre est sécurisant.
C’est le moment de proposer, à partir des idées des enfants, une solution à mettre concrètement en place , qui fasse compromis et qu'on puisse essayer rapidement et évaluer à la prochaine réunion.
C’est aussi pour tous et toutes accepter de vivre la solution avec ce qu'elle peut avoir d'imparfait. Pour pouvoir l'évaluer et la modifier ensuite, à nouveau en conseil avec les enfants.
On peut envisager enfin un système de Conseil des Délégués pour des petits groupes vivant dans la même structure pour prendre des décisions qui concernent tout le monde.
Chaque groupe a un temps de discussion et de propositions : on choisit un "délégué ou deux " qui iront en discuter avec les autres délégués pour prendre une décision. Les délégués en rendront ensuite compte au petit groupe de départ.
Mais les espaces de parole existent aussi en informel : pendant les ateliers, les repas, les temps libres. C'est surtout utile chez les plus petits et pour les enfants qui ont du mal à s'exprimer en groupe. Dans ces moments plus intimes, une écoute attentive de l'adulte ou des enfants proches autorisera les premières prises de parole, en leur accordant toute leur importance. Le masque pourrait -il nous aider à moins parler - quand on est proche d'un enfant - et à plus écouter ?
Le site l'ICEM (Institut Coopératif de l'Ecole Moderne - pédagogie Freinet) propose de nombreuses vidéos de classe à visionner
L'école de la Neuville met en ligne le bonus du film "Parole" intitulé 'l'héritage Dolto. Le statut de la parole"
Trouver d'autres espaces d'expression et de médiation : quelques activités possibles
A chacun-e sa médiation ! Nous sommes différent-es et nos publics vont accrocher différemment à telle ou telle médiation. Il convient donc de diversifier les types de médiation. Le principal c’est que ceci puisse conduire au dire, vers la parole dans un cadre collectif. Le collectif est essentiel car c’est lui qui permet la médiation (dans le croisement de ce qui fait commun dans nos émotions, nos réactions, mais aussi au confluent des différences...) Il est nécessaire de socialiser ce que nous vivons, à travers l’expression des émotions : de nos peurs à nos désirs de vie.
Comme exemple, une palette de possibles pour étayer ce qui précède :
Le tarot des contes
Avec un jeu d'images ( Dixit, tarot des contes ou cartes fabriquées )
Tous et toutes ensemble : A chaque carte retournée un joueur à son tour invente une phrase de l'histoire.
C'est l'animateur.rice ou un.e enfant après s’être lavé les mains qui manipule les cartes ( plastifiées et nettoyées ensuite). Pour commencer, si le groupe n’est pas trop grand, le jeu se déroule en collectif.
Puis par groupes de 3 on utilise le tarot des contes pour inventer une histoire puis on la met en scène sous forme de photos ( personnages immobiles comme sur une photo) ou avec des marionnettes
Les activités graphiques
Dessin aux feutres, peinture, dessin à la craie en extérieur, tableau de libre expression, jeux graphiques, collage d'expressions ( à partir d'images de journaux ou de magazines, chacun.e fait un montage pour se représenter, représenter un personnage, une situation, une idée). Ce peut être une activité individuelle ou collective. Il peut être intéressant de partir de tableaux de peintres (Miro, Klee, Kandinsky, Picasso s’y prêtent bien) et d’agrémenter l’animation avec des contraintes qui sont autant d’occasions de créer, d’aller vers de l’inédit (exemple : un carré de 10 cm sur 10 cm qu’il s’agit de remplir uniquement avec du bleu, à disposition, tissus, papiers crépon, affiche, serpente, canson, cristal…, peinture, craies grasses, feutres, crayons de couleur, colle)
Le mur d’expression
Un mur est couvert de papier kraft ou de papier-journaL . Chaque enfant a dans sa boîte individuelle des morceaux de papier de plusieurs formats et quelques feutres. Il peut écrire ou dessiner et afficher sur ce mur ce qu'il veut, quand il veut. On peut aussi indiquer des rubriques ( content de .../Pas content de... / en colère contre../ triste de .....;/ J'ai envie de ..../ j'ai à dire.... / J'apprécie.../ je n'aime pas...) On peut répondre mais faire disparaître. On couvre ou on enlève l'affichage avec régularité.
Les activités musicales et sonores
Jeux de rythme, transformation de chansons, orchestre de petites percussions (galets, maracas, petits tambours en boîte de conserve..), mais aussi profiter des objets du quotidien et de l’environnement pour explorer un univers sonore insoupçonné, proche mais jamais usité. En variant les ustensiles et les zones de percussion ou de frottement. Chercher à faire un orchestre qui joue une partition étrange. Jouer avec des mots, des phrases, un poème pour en faire un choeur en ajoutant un à un les textes courts guidés par un.e chef.fe d’orchestre qui est là pour le rythme, la vitesse, l’intensité, démarrer et clore.
Exemple : prendre un texte poétique dont chacun.e choisit un court extrait (cela marche bien également avec des onomatopées) qu’il.elle va répéter dans son coin en décidant d’une manière de le dire, d’un ton particulier (comme de l’opéra, du rap, une comptine, méchamment, violemment, avec amour, voix grave ou aiguë…). Puis le groupe se met en position de chorale, et sous la direction du.de la chef.fe d’orchestre chacun.e à son tour joue (en disant) son texte (court) puis ensemble, par deux, par trois les mots se chevauchent, se télescopent, font canon, se suivent, tonnent, sont chuchotés, murmurés, à la vitesse d’un cheval au galop ou au ralenti (des codes sont à décider entre le groupe et celui ou celle qui dirige).
Penser à enregistrer lors de chaque prestation.
Moments de chant
C'est un moment où on apprend des chants et où on chante des chants connus ensemble. Le groupe vit avec cette activité collective. Chacun.e prend la place qu’il.elle veut dans le groupe, sans être montré.e ou mis.e en avant. On peut très bien rester caché. Le plaisir de chanter à plusieurs est irremplaçable.
Les images
Photo/langage
Ce qui est souvent une méthode active utilisée en formation peut aussi (avec d’autres objectifs) devenir une activité ludique où chaque personne choisit une photo et en parle (ou avec des mots, ou avec de la couleur, de la peinture, ou avec des sons, ou avec des gestes). Il peut y avoir une thématique délibérée afin que le groupe dans son entier s’intéresse au même sujet ou bien un florilège de photographies très différentes qui permet d’ouvrir plus grandes les perspectives de création. On peut prolonger l’activité par un vernissage qui donne à voir ce qui a été produit (pour ceux et celles qui le désirent) puis la terminer par un échanges autour des œuvres.
Vidéos
Mettre à disposition une sélection de petits films courts (documentaires ou fictions, stop/motion ou autres dessins animés…) qui abordent toutes sortes de sujets. Et à la demande des enfants, revenir sur les films visionnés à travers la médiation d’une activité (d’écriture, graphique, sonore ou orale).
Si l’objectif est d’aborder un sujet particulier (parce qu’il y a nécessité ou que l’actualité nous y presse), un travail d’apprivoisement du sujet et de l’objet film peut être initié en amont et repris à l’aval.
Avec des mots, des livres
► Le domino des livres : à partir d’une sélection d’ouvrages pour la jeunesse (documentaires, albums, bandes dessinés, petits romans, magazines, contes…), chacun.e choisit 5 ouvrages et le domino peut débuter : le premier ou la première pose (sur des tables ou sur le sol) un livre et la personne qui joue juste après vient poser à côté du premier bouquin un autre qui possède un point commun (une couleur, un personnage, un animal, des objets, l’édition, l’auteur.rice, la forme, la grandeur…), il faut que le choix soit validé par le groupe. Et ainsi de suite jusqu’à ce que plus personne n’ait de livres en sa possession. Un regard collectif final peut déboucher sur la création (orale ou écrite) d’une histoire.
► Les bocaux de mots : préparer une dizaine de bocaux et les étiqueter (mots et/ou dessins selon l’âge), et au fil des jours penser à remplir les bocaux avec les mots qu’on rencontre (dans des livres ou à l’oral) recopiés sur de petites bandes de papier. Il faut décider du bon bocal.
Bocaux possibles : mots bizarres, mots doux, mots cruels, mots tout petits, mots sucrés…
► Faire sortir un personnage d’un livre
① Choisir un livre qu’on adore et qu’on connaît bien (une sélection aura été opérée au préalable), choisir un personnage de ce livre (animal, personne, objet…) qu’on a envie de faire sortir de son livre (parce qu’on estime qu’il serait mieux ailleurs, pour lui éviter des embûches, pour le voir évoluer sans ses comparses). Choisir la page où on aimerait le voir sortir.
② Pour la partie manuelle, l’argile sera de rigueur. Chacun.e modèlera son personnage dans la position dans laquelle il est dans la page retenue. L’opération est plus simple qu’il n’y paraît et constitue bien souvent un excellent moyen de se rabibocher avec la terre. Ensuite on peint le personnage (qu’on laisse sécher un ou deux jours à l’abri du soleil).
③ Il s’agit de mettre en scène son personnage dans son nouvel environnement (au moyen d’une installation rapide ou plus sophistiquée le plaçant en situation) puis de réfléchir à la raison qui nous a fait choisir ce personnage-là, qui nous a poussé à le faire sortir et à une page précise et au fait qu’on désire le faire revenir dans le livre ou pas (cela a de l’importance pour la suite).
④ On prend le temps (par petits groupes) de faire le tour des livres (qui seront placés derrière le personnage ou en dessous, et mis en scène) en écoutant les histoires et le fruit des réflexions précédentes ( pourquoi ce personnage, pourquoi le faire sortir…)
⑤ On se retrouve (par petits groupes) et après avoir posé les personnages au centre de la table, chacun.e se lance dans l’écriture d’une histoire (chacun.e apporte en plus un objet qui viendra rejoindre l’histoire qui naîtra), en intégrant le personnage qu’il.elle a choisi. Ce premier temps dure un petit quart d’heure, puis chaque personne passe sa feuille à la personne qui est à sa gauche, qui prend soin de lire ce qui est écrit et qui va continuer l’histoire en ajoutant son personnage, et ainsi de suite jusqu’à ce que la feuille soit revenue à son point de départ (on peut adapter le process en demandant aux participant.e.s de tourner, les feuilles étant fixées, cela évite trop de manipulations).
Celui ou celle qui a commencé, après avoir lu ce qui a été écrit par les autres, termine l’histoire qu’il.elle a débutée. Pour chaque table il y a donc autant d’histoires que de participant.e.s et chaque personne a une part dans chacune des histoires. À noter que si le personnage doit rentrer dans son histoire à un certain moment il disparaît de l’histoire qui se crée.
On pourra donner une thématique (ou pas) pour les histoires et accompagner le démarrage à travers une phrase de lancement commune à tous les groupes : par exemple, « tout se passait comme d’habitude quand…) ou « il pleuvait sans cesse ce jour-là », ou encore « le ciel était bleu, un nuage pointait timidement sa ouate »…
Écriture... orale
il peut paraître incongru de mêler la voix à la création d’un texte écrit mais cet exercice (initié par l’écrivain et auteur jeunesse Bernard Friot) convient parfaitement pour permettre à tous.tes les enfants (même celles et ceux qui ne sont pas à l’aise avec l’écrit) de créer collectivement un texte poétique ou un conte, ou une courte nouvelle.
l’écriture orale consistant en une mise en écrit de la parole à partir d’une thématique de départ : chaque personne prenant la parole à tour de rôle pour lancer quelques mots qui lui viennent. L’ensemble des mots (en s’ajoutant peu à peu et dans une chronologie respectée) finissant par devenir un texte collectif.
En groupe (10 maximum) et assis en cercle chacun.e, l’un.e après l’autre, lance quelques mots (tout de suite notés par l’adulte qui anime) et la personne à côté continue, et ainsi de suite...on peut décider de faire 3 tours (si un.e enfant n’a rien à proposer, pas de problème, on passe vite à un.e autre). Donner un sujet au départ, un déclencheur est facilitateur : un jour, quand il pleut, au bord, sur la route, dans la nuit…
L’adulte lit le texte produit en direct. La forme poétique est la plus simple.
Toutes ces activités libres qui ne questionnent pas directement et qui ne forcent pas l'expression seront l'occasion pour les enfants de parler de thèmes comme la maladie, la mort, l'enfermement, la violence, le risque, le danger, l’ailleurs et le chez soi, le plaisir, le bonheur, la douceur, la liberté, la responsabilité...
Il faudra sans doute savoir accepter l'expression de réactions teintées d’agressivité avec de possibles petites touches de régression auxquelles on peut s'attendre pour les enfants qui ont été les plus malmené.e.s par ce printemps si insolite.