Un ordinaire pas du tout extra
Focus sur une exposition qui pourrait paraître surannée en 2019 mais qui s’impose encore comme un leitmotiv indispensable pour lutter contre le racisme. En comprendre les arcanes et saisir toutes les subtilités inhérentes à cette lèpre sociale et internationale, tel est l’enjeu de cet objet culturel qui s’avère nécessaire. Tel est l’objectif affiché par le musée national d’histoire naturelle, sur le site musée de l’homme. À n’en pas douter, une réussite !
Exposition sur le racisme
en direct des Rencontres de l’Éducation Nouvelle à Namur
périple en dix tableaux
Tout d’abord sur le premier panneau au cœur d’une quinte flush (véritable florilège universel) de visages de face et de profil l’exposition nous plonge vite dans le vif d’un sujet qui préoccupe toujours la libre pensée et les gens de bonne volonté : le racisme ; la question des préjugés s’y trouve abordée d’une belle façon qui réussit le tour de force du synthétisme et de la profondeur.
Entame de haute volée pour un voyage en dix étapes au sein d’un phénomène qui n’en finit pas de ronger inlassablement le monde des femmes et des hommes.
Le deuxième mouvement propose quatre définitions de termes qui nomment ce qui pervertit la pensée dans le rapport à l’autre, ajoutant au racisme le poids des stéréotypes, préjugés et discriminations, mots et notions qui crissent, troublent et rayent la pensée.
L’itinéraire choisi nous offre un passage par un questionnement où la science est interrogée. A-t-elle son mot à dire sur le racisme ? Un début de réponse y est esquissé...
Puis l’épisode quatre fait défiler dans un melting-pot dangereux et vertigineux les concepts de catégories, d’étiquettes, et toujours de stéréotypes où il est question d’identité et de mouvement.
Cinquième partie : nous est conté comment l’histoire nous déverse son lot de hiérarchies, rapports de domination, d’esclavagisme et fait saigner la blessure des discours inégalitaires qui conduisent à la ségrégation.
Le sixième opus aborde la génétique qui efface de son univers la race pour les êtres humains somme toute peu différents et mutants mais de la même famille.
Dans le panneau suivant la preuve est faite que les migrations ont façonné le monde et que c’est le filtre des valeurs qui dépeint la diversité comme un atout ou une tare.
L’antépénultième idée nous chuchote ou nous hurle simultanément que le racisme est une construction, une fabrication d’ordre factice…
La loi nous invite à la fréquenter pour la neuvième étape et nous dire qu’elle punit les mots et les actes et que les premiers amorcent les seconds.
Enfin pour terminer cette épopée, cette odyssée transracisme il est rappelé fort opportunément qu’il existe une coalition internationale des villes inclusives et durables (Iccar Unesco) qui encourage les actions communes et rassemble 7 coalitions venues des 5 continents. Chacune ayant un plan d’action en 10 points.
Une exposition esthétique, sobre et lumineuse qui éclaire d’un regard sans prétention mais avec beaucoup de simplicité et de pédagogie une situation qui pourrit encore et toujours les relations entre les individus.
Initiative opportune et évocatrice du musée national d’histoire naturelle sur son site « musée de l’homme » et sous la houlette du commissariat scientifique dont Évelyne Heyer professeur en anthropologie génétique et de Carole Reynaud-Parigot, historienne et chercheure associée au centre d’histoire du XIXème de l’université de Paris 1 sont les chevilles ouvrières.
Les Ceméa se proposent d’accompagner la découverte de cette exposition à travers une série de démarches permettant de s’approprier les tenants et les aboutissants de ce bel objet pédagogique. Ils se font fort de favoriser la menée d’une réflexion pour fixer des prospectives à cette présentation documentée. Jeux d’écritures, arts plastiques, photos langage, café philosophique sauront sans nul doute prolonger l’exploration des dix kakémonos exposés.