Intelligence artificielle

La progression de l’intelligence artificielle a tendance à brouiller les frontières entre réel et virtuel. Déjà en 1950, Alan Turing créait un test pour quantifier la faculté d’une machine à imiter la conversation humaine. La technologie a considérablement progressé. Aujourd’hui, les ordinateurs sont de plus en plus performants dans leur capacité à imiter notre pensée. À cela, s’est ajoutée leur possibilité de transformer le son et l’image. Que faut-il prendre en compte dans les informations multiples des écrans ? Cette nouvelle réalité virtuelle devrait avoir des incidences importantes sur l’éducation et les apprentissages. En plus d’apprendre à chercher et à acquérir des connaissances, les enfants ont également besoin de savoir décrypter les informations qui leur parviennent et la fiabilité de ce qu’ils lisent, entendent et voient. La démonstration par l’exemple ou la preuve par l’image ne sont plus forcément des certitudes. Comment être sûr de la réalité d’une information ou d’un interlocuteur ? Ce n’est pas parce qu’une affirmation, une vidéo ou une photo sont relayées des millions de fois sur les réseaux sociaux qu’elles deviennent légitimes. Comment éduquer au doute positif, sans tomber dans le complotisme et ses dérives ? Le rôle des adultes dans cet apprentissage complexe est essentiel. Il faut qu’il puisse y avoir de l’humain et de la relation dans ce travail sur le doute

« Fais comme je te dis, ne pose pas de questions ! » On n’a pas attendu les ordinateurs pour déléguer la pensée. Il faut de l’humain et du doute dans les apprentissages pour considérer la machine à sa juste place, celle d’un outil

.C’est en cherchant ensemble, en confrontant, en coopérant et en partageant plutôt qu’en affirmant que cette aptitude à contextualiser des informations se construira. Mais cela nécessite de prendre le temps de s’interroger et d’analyser les informations et leur contexte… et d’apprendre que la machine, aussi performante soit-elle, reste un outil. L’éducation aux médias implique des engagements politiques importants en termes d’équipements, de maintenance et de formation des personnels enseignants. Et parfois, ce domaine d’apprentissage perturbe les représentations de l’école et ce qui doit y être appris. Ainsi, des parents d’élèves peuvent s’étonner que l’on fasse travailler des enfants de CE2 sur l’analyse et le décryptage de films publicitaires, alors que tous les temps de la conjugaison de l’indicatif n’ont pas été étudiés.

Et si l’éducation aux médias devenait vraiment une des priorités de l’école ?