LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Animer l'atelier d'échanges de savoirs

Trois questions à Tina Steltzen, co-présidente du Mouvement français des réseaux d'échanges réciproques de savoirs (Rers). Elle détaille les fondamentaux de l'atelier : création du mouvement, animation, dynamique, etc.
Média secondaire

À quand remonte la création des Réseaux d'échanges réciproques de savoirs (Rers) ?

En France, c'es une institutrice, Claire Héber-Suffrin, qui a développé cette pratique dans les années 70. Elle travaillait dans une école d'un quartier populaire de la région parisienne qu'elle souhaitait ouverte sur les savoirs de la cité. Cette pratique d'acquisition et de transmission de savoirs faisait écho aux réseaux de savoirs suggérés par Ivan Illich, alors vice-recteur de l'université catholique de Porto-Rico, qui observait la difficulté à réduire les inégalités sociales et reprochait à l'école d'avoir monopolisé la transmission des savoirs. Dans Une société sans école, il propose de déscolariser la société et d'inventer une école sans enseignants où chacun apprendrait de l'autre et apprendrait à l'autre. Claire Héber-Suffrin a fortement contribué à la diffusion de cette dynamique de réciprocité selon laquelle chacun·e apprend de l'autre et apprend à l'autre, à l'école, à l'université, entre professionnels (médecins, artisans, etc.), entre collectifs, dans les MJC, les zones rurales, etc.

 

Qu'est-ce qu'animer un Réseau d'échanges réciproques de savoirs ?

Dans un Rers, l'animateur est avant tout un médiateur qui facilite l'échange. Il est présent pour permettre à la personne offrant des savoirs de bien entendre la demande et réciproquement. Il aide à définir la nécessaire organisation matérielle (espaces dédiés, durée de l'échange et moment) tout en veillant à ce que les apprenantes et apprenants (offrant et/ou en demande) réfléchissent eux-mêmes aux modalités pédagogiques de ce moment. L'animateur ou l'animatrice pourra les accompagner, être en soutien, mais ce n'est pas à lui ou à elle de prendre la main.

 

Vous parlez de dynamique plutôt que de pratique. Pourquoi ?

Si l'accès aux savoirs est un droit pour tous et toutes, comment fait-on pour que cela fonctionne ? En faisant en sorte que chacun et chacune se considère tout au long de sa vie comme porteuse de savoirs et déconstruise cette idée tenace que le savoir est réservé à quelques-uns. C'est une dynamique vertueuse : on génère de l'action en coopération qui génère de la recherche, de l'engagement, de la réciprocité et au final de la mixité qui permet à chacun et chacune de s'enrichir de tous les champs d'activités possibles.

 


Crédit photo : Julien Coudsi