R.E.N, trois lettres orange sur un bandeau fuschia...

Depuis 2014, tous les ans, sauf les années de congrès (et 2020 en sera une), les CEMÉA organisent pour le réseau de leurs militant·e·s les Rencontres de l'Éducation Nouvelle avec chaque fois, un parti-pris particulier et des stages qui permettent à chacun, chacune de réfléchir et de se former ensemble. En 2019 elles ont lieu à Wépion en Belgique et y sont invités les CEMÉA Italie. Une entreprise de cette ampleur, 200 personnes environ sont présentes, demande un travail en amont considérable.

C’est le début de RENcontre, cela tombe bien, il s’agit de cela, c’est aussi un acronyme libre d’interprétation. Les REN ne sont pas un label protégé... cependant le temps de quelques jours, à la fin du mois d’août, il prend beaucoup de sens pour toute personne chez qui l’Éducation nouvelle a éveillé ou provoque l’envie de... de quoi, au fait ?

Peu aisé de saisir en une formule ramassée, en quelques phrases fortes ou en une évidente définition ce que nous percevons dans sa multiplicité, dans son irréductibilité, dans son foisonnement. Il s’agit de philosophie, d’éducation, de pratique, de pédagogie, mais aussi de choix sociaux, d’affirmations, de principes, de valeurs, de militance... là encore, ces mots parlent et s’activent dans chacun.e sans qu’il y ait univocité. À la rencontre répond, en écho, le débat, la confrontation des avis, la réflexion cheminant, alimentée, vivifiée par un Agir auquel nous nous référons.

À la Marlagne, centre culturel 1 perché dans les hauteurs, à Wépion, dans la proche banlieue de Namur, les CEMÉA belges accueillent et organisent, avec l’appui des CEMÉA français et la présence de militant.e.s de l’éducation nouvelle, les REN de l’année 2019. Il est question de se former - jeunesse(s), enjeux culturels, activités manuelles, jeux, numériques – durant cinq jours, et aussi de continuer la saga des « échanges de pratiques » entamée au congrès de Grenoble avec des initiatives innovantes ou nouvelles, expérimentées dans l’un des territoires des CEMÉA.

Enfin, deux regroupements, l’un portant sur l’écriture d’un manifeste de l’Éducation nouvelle, le second s’attelant à l’animation en perspective du congrès 2020, complètent le paysage de ce moment CEMÉA made in Belgique.

Les enfants sont également de la partie, et certain.e.s vivent une colo à Marcourt (province de Luxembourg en Belgique), à bonne distance de leurs parents... en clair, une semaine où l’Éducation sera de tous les instants !

Préparer, verbe transitif. Se préparer, verbe pronominal.

Pour les plus simples choses, en revenir à définir l’acte, la succession des gestes - Prévert le dit à propos d’une cage et d’un oiseau dans Pour faire le portrait d'un oiseau -. Ainsi de celui consistant à préparer ou « disposer au mieux une ou plusieurs choses en vue d'une utilisation plus ou moins proche », et même « choisir une chose, rassembler un certain nombre de choses nécessaires à une opération à venir et les tenir prêtes », ou aussi « mettre (un outil, un instrument, etc.) en état de remplir sa destination », mais encore « confectionner à l'avance » et par finir « faire subir certains traitements préalables à divers éléments afin de confectionner quelque chose » 2 ... nous ne dirons jamais assez le bien des dictionnaires.

Préparer un stage, une formation, une visite, une animation, un jeu, une restitution, un compte rendu... une rencontre. Au début, il y a l’intention et la concentration, même infime, pour assembler, mettre en ordre, dresser la table, ensuite il y a la visée, les objets, les personnes, les actions qui vont s’enchaîner, s’enclencher jusqu’à former quelque nouvelle production. Entre la mise initiale – préparer suppose le temps d’avant, s’apprêter pour être prêt – et la réalité vécue, la semaine de formation, le camp de quelques jours, le jeu et ses parties, ou les rencontres de l’Éducation nouvelle, nous savons les liens tressés finement depuis les gestes premiers, les idées surgies dans le collectif jusqu’aux bouts, les opérations, les œuvres confectionnées qui souvent font chaud aux cœurs et aux âmes.

Ainsi, au fil des heures qui précèdent, les esprits et les mains ont conjugué, se sont associés. Peu à peu la préparation et la confection ont donné une nouvelle forme, naît quelque chose dont nous savons ce qu’il tient de la lente maturation, du travail accumulé, des ratés et des essais qui ont engagé à poursuivre. Comment mieux saisir la délicatesse, l’assemblage en constatant que cette combinaison d’efforts, d’énergies, et aussi d’interpellations, de paroles d’entrain, a une utilité, un usage et une finalité.

En somme, préparer – et se préparer – c’est faire passer du futur à du présent.

1 Il dépend de l’Administration générale de la Culture du Ministère de la Fédération Wallonie- Bruxelles.

2 Toutes les propositions de sens sont définies et reprises du TLFi : Trésor de la langue Française informatisé, http://www.atilf.fr/tlfi, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.