Mécanismes de la discrimination
Qu'est-ce qu'une discrimination ?
Différents mécanismes mènent à la discrimination. Cela commence tout d'abord par le fait de généraliser et catégoriser les individus, le plus souvent de façon simpliste et sans trop se poser de question. C’est ici qu’interviennent les stéréotypes et les préjugés. Puis arrive la “stigmatisation”, c’est à dire que nous allons “coller” une ou des étiquettes souvent négatives sur un individu ou un groupe d’individus. Ce procédé permet ainsi de “classer” les individus en fonction de certaines caractéristiques (psychologiques, physiques, morales,…), ces caractéristques devant les définir par essence, c'est-à-dire que par "nature", ces personnes agissent de la sorte ou sont comme ça. Ces procédés peuvent conduire à traiter de manière hiérarchique et inégalitaire des individus, désignés comme étant différents par rapport à d'autres.
Ces différents mécanismes peuvent conduire à des situations de discrimination (positive ou négative). En effet, ces différences peuvent être utilisées pour traiter de manière inégale une personne par rapport à une autre, dans une situation comparable, en raison de son origine, de son sexe, de son orientation sexuelle, de son opinion politique, de son âge, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, etc. Les discriminations peuvent prendre place dans l’accès à l’éducation, à l'emploi, au logement, aux soins, etc.
Pour pouvoir combattre les discriminations il est donc important d'en comprendre leurs origines.
Mise en pratique : comprendre les discriminations
≈ Suggestion de consigne : Notez en équipe, les messages clés des vidéos ci-dessous :
Ce que dit la loi
Le droit de ne pas être discriminé en raison de sa race, de son origine ethnique ou de sa couleur de peau est inscrit dans l’article 2 de la déclaration universelle des droits de l’Homme.
Il est également inscrit dans d’autres textes internationaux relatifs aux droits humains, tels que dans l'article 14 de la convention européenne des droits de l’homme ou dans l'article 5 de la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale
La loi française reconnaît 26 critères de discrimination, tels que l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, la nationalité,…
Mise en pratique : identifier et comprendre les 26 critères de discriminations reconnus par la loi
≈ Suggestion de consignes :
- Le groupe tente d’identifier les 26 critères de discrimination reconnus par la loi.
- Chaque personne tire au sort une situation de discrimination.
- Par équipe de deux, les participant.e.s échangent sur la situation et cherchent à quel critère de discrimination cette dernière fait référence. (Attention : plusieurs situations peuvent correspondre à un même critère de discrimination)
Échange en groupe sur les situations de discrimination tirées au sort :
- Lire à haute voix la situation
- Expliquer en quoi cette situation est discriminante ou non
- Expliquer à quels critères elle fait référence : âge, genre, sexe, origine, handicap,...
Enfin, réfléchir en grand groupe à de nouveaux critères de discrimination (non mentionnés dans l'affiche) pouvant-être ajoutés à cette liste.
→ Affiche des 26 critères de la Themis
→ Un 26ème critère de discrimination : lanceur·se d’alerte
→ Fiche d'accompagnement - Situations de discriminations
→ Diaporama des situations de discrimination
→ Livret des situations de discriminations pour les educateur·ices, animateur·ices
Des stéréotypes, préjugés aux discriminations
Les discriminations viennent des stéréotypes et des préjugés, ancrés dans nos sociétés depuis des années. On a souvent tendance à considérer les stéréotypes comme une norme socialement acceptée, contrairement aux préjugés qui eux vont avoir une connotation négative.
La lutte contre les discriminations nécessite, un travail de déconstruction des stéréotypes et préjugés et ce tout au long de notre parcours de vie. Pour pouvoir déconstruire ces notions, il faut tout d'abord en comprendre leur origine et leur fonctionnement.
Les stéréotypes, c’est quoi ?
Stéréotype, étymologiquement en grec, signifie « stéréos » (solide) et « tupos » (empreinte, caractère).
Au 18ème siècle, le terme stéréotype désignait un procédé typographique, permettant la reproduction massive de texte, rapidement, mais de piètre qualité. On avait tendance à appeler cette plaque un stéréotype, mais aussi un cliché. Elle permettait de reproduire le même texte en grand nombre et avec les mêmes caractéristiques.
Ce terme sera repris dans les années 1920 en sociologie par Walter Lippman afin de désigner des « idées toutes faites » que nous avons sur les gens puis en psychiatrie pour définir des attitudes répétitives.
Les stéréotypes sont ainsi des images très répandues au sein des sociétés et souvent simplistes, permettant de catégoriser des personnes et ce plus facilement. Ils peuvent être positifs comme négatifs. Ce sont des idées, croyances, rigides, fermées, résistantes à toute contradiction même avec des preuves. Ce sont des généralisations excessives et souvent fausses sans fondement fiable. Le problème apparaît lorsque nous pensons que le stéréotype se vérifie toujours.
Exemples de stéréotypes :
- Les blondes sont moins intelligentes
- Les africains sont les meilleurs au sprint
- Les asiatiques sont meilleurs en mathématique
Nous supposons ainsi que des personnes présentant les mêmes caractéristiques partagent des attributs communs. Les stéréotypes qui sont associés à un groupe d’individus auront ainsi tendance à conduire à des préjugés.
Exemple:
- Les marseillais sont toujours en train de faire la sieste (stéréotype). Ils sont feignants (préjugé).
Ici nous avons affaire à des groupes d’individus assez larges et auxquels nous attribuons des caractéristiques, étiquettes, devant les représenter. Nous faisons ainsi de ces caractéristiques une généralité devant représenter "tous" les marseillais.
Mise en pratique : déconstruction des stéréotypes à travers l'analyse de deux vidéos
La démarche vise à permettre :
- D’identifier les caractéristiques, mécanismes, langages, liés aux stéréotypes ;
- D’entamer une réflexion-débat sur l'impact des stéréotypes sur les victimes ;
- Développer l’esprit critique des jeunes face aux contenus pouvant entretenir des stéréotypes au sein de la société.
Pour un travail en ligne :
≈ Suggestion de consigne
Décrire en quelques lignes la situation présentée dans ces vidéos et noter les éléments permettant d'identifier si nous avons affaire à des stéréotypes. (mécanisme, éléments de langage, mise en scène,...)
Pour un travail en présentiel en groupe :
≈ Suggestion de consigne
Après un échange sur les caractéristiques des stéréotypes, le groupe est invité à regarder les vidéos ci-dessous. S’agit-il d’un stéréotype ? Le groupe est ensuite invité à débattre sur l'impact de ces contenus sur les spectateur.ices.
Les préjugés c’est quoi ?
Préjugé, étymologiquement est composé du préfixe pré-, "avant", et du verbe juger, issu du latin "judicare", signifiant "rendre un jugement".
À la différence du stéréotype, le préjugé est souvent lié à notre affect, à nos émotions, critères personnels (croyance, valeur, éducation, famille, etc.). Il constitue souvent un jugement de valeur simple, un a priori à l'encontre d'un individu ou d'une catégorie sociale, qui se fonde sur des idées reçues (stéréotypes) issues d’un milieu ou d’une époque données. C'est une opinion, que nous nous faisons par avance à l'égard d'un individu, ou d'un groupe, suscitant des considérations ou des réactions souvent défavorables à leur encontre.
Exemple :
On peut «ne pas aimer les plombiers», «avoir de l’aversion pour les hommes politiques », « être dégoûté par les sans domicile fixe», « ressentir de l’antipathie pour les personnes ayant les cheveux très courts», «se méfier des roumains », «avoir peur des réactions des jeunes qui portent des casquettes », etc.
Le préjugé est ainsi une attitude comportant une dimension d'évaluation à l’égard d’un groupe, permettant de définir si les agissements ou les dires de ce dernier peuvent être considérés comme étant bien ou mal.
Ces préjugés peuvent conduire à des situations de discrimination : Le racisme (préjugé fondé sur l’origine ethnique), l’âgisme (préjugé fondé sur l’âge), l’antisémitisme (préjugé contre les juifs), sexisme (préjugé fondé sur le sexe), etc.
Mise en pratique : déconstruction des préjugés à travers l'analyse d'un court-métrage
Court-métrage contre le racisme | "Voyageur noir" (Schwarzfahrer) - de Pepe Danquart
≈ Suggestion de consigne 1 : Présenter individuellement le court-métrage en quelques lignes (quelle est la situation ? Quels sont les personnages principaux ? Que font-ils ? ).
≈ Suggestion de consigne 2 : Repérer en équipe les préjugés présents dans cette fiction.
Croyance ou savoir?
Les notions de stéréotype, de préjugé et de discrimination sont intimement liées. En effet, les stéréotypes liés à des croyances peuvent expliquer pourquoi une personne va faire preuve de discrimination envers les personnes d’un groupe donné. Les comportements discriminatoires peuvent à leur tour, d’une certaine manière, entretenir l’existence des stéréotypes et des préjugés.
Nos attitudes et comportements sont orientés par un certain nombre de facteurs, à la fois environnementaux, sociaux ou sociétaux. Il est donc important de s'interroger sur la manière dont ces derniers fonctionnent, se manifestent et se construisent. La compréhension de ces mécanismes permet de mieux cerner l'origine et la persistance de certaines idées faussées et haineuses dans nos esprits.
Les expériences que nous vivons tout au long de notre vie vont donner un sens à des croyances, convictions et ainsi façonner une ou des représentations du monde qui nous entoure.
Plus nous avons d'expérience sur un sujet ou avec un groupe d'individus, plus nous prenons du recul et remettons en question nos croyances sur ces derniers. Nos croyances peuvent ainsi évoluer, être nuancées par l'acquisition de nouvelles connaissances, la rencontre de nouvelles personnes, ou la confrontation à des situations différentes (par exemple : "Je croyais que la Terre était plate mais depuis plusieurs mois je me suis plongé·e dans les travaux d'astrophysicien·nes, dont les sources ont été vérifiées, afin de mieux comprendre le fonctionnement et les mouvements des astres. Je sais maintenant que la Terre est bien ronde").
A l'inverse, moins nous avons de connaissance, d'expériences sur un sujet, plus nous essaierons de combler ce manque en faisant des généralités le plus souvent fondées sur des expériences isolées ou faussées. (Par exemple : "Je me suis fait·e agressé·e la seule fois où je me suis rendu·e à Strasbourg. Je crois que Strasbourg est une ville peu sûre").
Nous pouvons ainsi dire que notre "vision du monde", notre perception des personnes, des choses et des situations, se construit à travers deux grands principes :
La Croyance
Une croyance est une opinion, une conviction intime, une certitude, tellement forte que notre esprit en admet presque automatiquement sa véracité. Nous sommes là dans des stéréotypes, des assertions qui ne peuvent pas être expliquées et dont l'interprétation diffère d’une personne à une autre. (par exemple : l'Olympique de Marseille est le meilleur club de foot du monde). Il n’y a pas forcément de preuve dans les croyances, elles sont souvent transmises par les groupes sociaux d’appartenance (famille, groupe d'amis...).
Le Savoir
Le savoir est un ensemble de connaissances acquises par l'étude et l'expérience et pour lesquelles des références existent. Elles sont prouvées et validées par plusieurs personnes, en des lieux différents. Le savoir est à la fois produit, reproductible et vrai à un moment donné. (par exemple : La terre est ronde - Il faut de l’oxygène pour respirer....)
Mise en pratique : Faire la différence entre une croyance et un savoir
Pour un travail en ligne:
≈ Suggestion de consigne : Parmi les propositions suivantes, lesquelles relèvent de la croyance (je crois) ou du savoir (je sais) ?
Quiz – Croyance ou savoir ?
Ces propositions relèvent-elles de la croyance ou du savoir ? A vous de jouer !
Pour un travail en présentiel en groupe :
Cette activité se déroule en deux temps :
1. Travail autour des définitions
- Dans un premier temps l'animateur.ice forme des groupes de 3-5 participant.es. Puis leur demande une définition des verbes "Croire" et "Savoir", ainsi qu'un exemple de phrase dans laquelle ils peuvent être utilisés.
- Pour finir l'animateur.ice note au tableau les propositions de chaque groupe et cherche avec les participant.es à voir s’il y a consensus ou dissensus.
- Enfin, l'animateur.rice avec les participant.es, reprend et synthétise la matière pour construire collectivement une définition de ces deux verbes.
2. Jeu de la météo
- L'animateur.rice, télécharge dans un premier temps la fiche des propositions et le tableau. Puis forme des groupes de 3-5 participant.es.
- Les propositions découpées et le tableau sont distribuées aux partcipant.es. Chaque groupe devra classer les dix propositions concernant la prévision de la météo, de la plus fiable à la moins fiable selon eux dans le tableau.
- Après avoir classé les propositions, ils et elles devront ajouter dans la colonne "fiabilité" la lettre S si la proposition leur semblent être à l'origine d'un "Savoir" ou la lettre C pour une "Croyance".
- A la suite de ce temps, ils devront analyser la cohérence de leur classement, en le mettant en parallèle avec la colonne "fiabilité". Que peuvent-ils en conclure ?
Pour aller plus loin : deux films d'animation portant sur les discriminations
Découvrez deux films d’animation, “La corneille blanche” et "The soloists", issus de la programmation du Festival International du Film d'Éducation.
= Suggestion de consignes :
- Après avoir visionné une fois en groupe le film "White Crow" (La corneille blanche), proposer à des équipes de 4 à 6 personnes d’imaginer les dialogues des personnages suivants : la jeune corneille blanche, les parents, les corneilles moqueuses (2/3 personnes, qui pourront également doubler les mouettes à la fin du court métrage).
- Une fois les dialogues créés, les équipes peuvent tenter de doubler le film en direct du visionnage.
1. "La corneille blanche", de Miran Miošić , 2018, Croatie, Animation, 9 min
La petite corneille blanche est moquée et ridiculisée par les corneilles noires. Mais lorsque la pollution rend leur environnement invivable, c’est la petite corneille blanche qui se démène pour leur trouver un nouveau foyer tout en affirmant sa différence.
2. "The soloist", de Celeste JAMNECK, Feben ELIAS WOLDEHAWARIAT, Metirnaz ABDOLLAHINIA, Razahk ISSAKA, Yi LIU, 2021, France, 8 min
Dans un petit village régi par des lois ridicules, trois sœurs chanteuses et leur chien répètent pour le festival annuel d’automne. Mais un événement inattendu va bouleverser leurs plans.
→ Au Festival International du Film d'Éducation 2022