Sexisme et assignations genrées : agir dès l’école maternelle, pourquoi, comment ?
Les filles et les garçons sont-ils socialisés différemment à l’école maternelle ?
À l’école maternelle, comme à l’école élémentaire, dans le secondaire, dans le supérieur ou encore dans la famille, les interactions envers les filles et les garçons ne sont pas les mêmes. Bien qu’elles comprennent de nombreuses spécificités par rapport à l’école élémentaire, on retrouve à l’école maternelle des éléments en commun. Par exemple, si les femmes sont souvent peu représentées dans les manuels scolaires et que leur représentation est la plupart du temps stéréotypée, on retrouve cette même sous-représentation et ces mêmes stéréotypes dans les albums du coin lecture d’une classe d’école maternelle.
Quelles sont les principales différences ?
Les garçons sont par exemple interrogés plus de fois et plus longtemps que les filles. La recherche met également en avant que les garçons sont plus aidés par les enseignantes et enseignants que les filles et que ces dernières ont moins de liberté en classe. J’ai également pu observer lors de mon travail de recherche que les services demandés aux enfants ne sont pas les mêmes selon le sexe de ces derniers. En effet, on demande plus aux filles des services tels qu’accompagner un camarade aux toilettes ou surveiller la classe en l’absence de l’enseignant ou de l’enseignante ; là où on demande plus aux garçons de déplacer une chaise ou d’ouvrir les stores.
Quelle est la part qui revient aux parents dans ces attitudes sexistes et genrées ?
Il est difficile d’établir une part qui revient aux familles et une part qui revient à l’école ou à d’autres facteurs. Comme la recherche met en avant des différences au sein de l’école, la recherche met également en avant des différences au sein de la famille. Les garçons sont par exemple plus encouragés que les filles à pratiquer une activité technologique ou une activité sportive. Lorsque les filles sont encouragées à pratiquer une activité sportive, ce ne sont souvent pas les mêmes que celles proposées aux garçons.
Du côté des enseignant.es les attitudes, égalitaires ou sexistes, divergent-elles et quels facteurs d’explication pouvez-vous apporter ?
Le principal facteur pouvant favoriser des comportements égalitaires est le fait d’être sensibilisé à ces thématiques. Cette sensibilisation peut avoir lieu dans la vie personnelle des enseignantes et enseignants ou lors de formations. Même si aujourd’hui peu d’enseignantes et enseignants sont formés sur ces questions-là, la formation est un atout important, si ce n’est l’atout principal, pour sensibiliser à la thématique de l’égalité.
Quels leviers permettraient de faire évoluer cette assignation genrée ? La formation est-elle un outil et en quoi devrait-elle consister ?
La formation est un outil, même si elle est aujourd’hui trop peu présente. La formation permet de sensibiliser et de faire prendre conscience de l’importance de cette thématique. Elle devrait permettre de pouvoir s’intéresser en profondeur à cette thématique de l’égalité de sexe. La formation devrait avoir lieu dans les cursus initiaux, dans les INSPE mais aussi dans les cursus continus lors d’animations pédagogiques. C’est actuellement le cas dans certains INSPE ou certaines circonscriptions, mais cette pratique n’est pas généralisée à l’ensemble du territoire. Par ailleurs, les formations sur cette thématique, en formation initiale ou continue, restent le plus souvent des formations optionnelles et non obligatoires.