Pompéi, Le Goût du vrai : deux regards au passé, au présent
2020, dans l’odyssée du présent, le Vésuve bruit à nouveau, il se rappelle au bon souvenir de Pompéi qui se donne à vivre au Grand Palais jusqu’au 2 novembre.
2020, Étienne Klein, scientifique, adepte et même virtuose des longues et complexes anagrammes, commet un petit livre « Le Goût du vrai » qui remet la raison au centre de notre pensée au sujet de la place de la vérité dans notre société.
Un duo de plaisir à savourer de concert ou l’un après l’autre.
Comme si on y était
Pompéi. L’exposition sans fin du Grand Palais jusqu’au 2 novembre 2020
Une rue et ses quatre maisons de part et d’autre, séparées par un théâtre face à la statue de Livie. En arrière-plan, le Vésuve, garant de la richesse de la cité pompéienne. La vie est douce au rythme du soleil qui passe sur la cour intérieure. L'ombre de deux vigiles urbains vous frôle, des enfants rient, des oiseaux chantent. Sentiment de plénitude.
Soudain un grondement, un nuage noir s’élève jusqu’au plafond du salon d’honneur du Grand Palais qui héberge ce moment d’octobre 79. Une pluie de ponces et de lapillis s’abat sur les murs, le champignon plinien se déploie, recouvre l'espace et l’obscurité tombe, totale. Silence.
Tous ceux qui se trouvaient à visiter la rue, les objets de vie quotidienne récemment découverts, les vidéos sur les fouilles, les fresques, les maisons en travaux sont comme pétrifiés de surprise par cette coulée pyroclastique virtuelle. Certains aux portes, d'autres groupés dans la rue ; tous le regard levé vers cette masse veloutée qui envahit l'espace, tout l'espace, avec fracas. Sidération froide et lourde du temps mort au-dessus de soi. Un sentiment d'indicible, d'impuissance, d'incompréhension, dans une expérience mémorielle unique. Le visiteur a traversé le temps mais il ne sait plus dans quel sens. Il est à la fois, en cette fin d'automne, en Campanie et à Paris. L’inattendu lui a fait vivre une minute ce que les habitants de la ville ont pu ressentir le jour de la catastrophe.
Une catastrophe dont Pline le jeune, longuement incité par Tacite, n’a pu rendre compte que trente ans plus tard et avec ce que cela suppose de déni, d’oublis, de re-création, dans deux lettres demeurées célèbres auxquelles nul latiniste n’a échappé. Un traumatisme si fort qu’il ne peut qu'imposer silence. Lorsque la lumière revient, troublés, les visiteurs retrouvent leur visite interrompue mais ils ont perdu leur sérénité. Le regard suspicieux se porte distraitement vers les vestiges mis à jour par les projections en grandeur nature. Les fresques passent, fugaces comme le souvenir. Le quartier de Cuneo, l'échoppe du thermopole, le mur du triclinium sur lequel une jeune femme vous considère attentivement mais sans émotion dans son médaillon, les murs de l'intime effondrés devant le voyeur qui passe, mal assuré, gêné, presque honteux d'être encore là, un brin nostalgique, accompagné par le regard fixe des enfants de Marcus Lucrutus Frontoa. Le volcan veille. Ils le savent désormais. Mille neuf cent ans après, les moulages de victimes cachés sous le théâtre les avertissent que le cycle éruptif n’a pas dit son dernier mot. Les pas s'en détournent, furtifs. Memento mori.
Astorg Armengaud
► Pompéi • promenade immersive • trésors archéologiques • nouvelles découvertes
► Livret d’accompagnement facilitant l’accessibilité de l’exposition
► Dossier pédagogique de l’exposition à destination des enseignants et des relais associatifs
► Pompéi • Livret-jeu pour les 7-11 ans
Le Goût du vrai
d’Étienne KLEIN – essai philosophique – juillet 2020 – 64 pages – collection TRACTS Gallimard - 3,90 € / n°17
Début juillet, sur France Inter, tôt le matin, Étienne Klein répond aux journalistes qui commentent son dernier essai ; nous sortons tout juste du confinement, la Covid 19 est toujours présente, chaque jour apporte un peu plus de connaissances sur cette épidémie et cette maladie ; mais la science a été mise à rude épreuve, parfois décrédibilisée ou mise au même rang que n’importe quel sondage !
Or, c’est de cela que nous parle Etienne Klein dans cet essai ; ce qu'est la place de la vérité dans nos sociétés et dans notre pensée, comment chacun peut ou doit faire avec la science et ses découvertes ? Mais aussi quelle humilité pour la recherche de ne pas tout savoir, voire de se contredire au fur et à mesure des avancées des connaissances !
Lutter contre le populisme de certains dirigeants qui mettent la science au rang d’une idée comme une autre, mais dire aussi que la séparation entre nature et culture qui fonde nos idéaux a peut-être engendré beaucoup de dégâts sur notre planète ?
Revenant sur le siècle des Lumières, les grands philosophes, les grandes découvertes des siècles passés l’auteur nous réinvite à ne jamais quitter l’ère de la rationalité, à nous y replonger même si parfois c’est difficile quand cela heurte nos convictions et nos certitudes.
Remettre la raison au centre de notre pensée, de nos réflexions, pour accéder à plus de connaissances, reste assurément la seule voie de la liberté et de la démocratie.
Jean-Luc Pieuchot - septembre 2020