Dans les coulisses du festival
Dimanche 9 juin 2019, 18h. Le rangement est déjà bien entamé. Partout dans le Clot Barlet, les bénévoles en tee-shirt rouge continuent de s’activer. Plus lentement, sans doute, davantage de cafés à la main, certes, mais toujours avec le sourire aux yeux et une certitude : « La colo, c’est terminé ». Ce moment de flottement, empreint d’un doux mélange d’euphorie et de nostalgie, me donne l’occasion de me remémorer ces trois années d’aventure dbda-tesque.
Le DBDA, c’est quoi ? Bien sûr, je vous parlerais tout d’abord d’une organisation réglée comme du papier musique. COPIL, Doodle, Pôles, compte-rendu, Drive… sont autant de notes à maîtriser pour intégrer la partition. Cette rigidité apparente permet, en réalité, à quiconque le souhaiterait de trouver sa place dans l’orchestre et d’ajuster son pupitre. « Un cadre fort pour un plus grand espace de liberté » sont les maîtres mots des coulisses de ce festival. Ainsi, le DBDA donne à chacun∙e l’occasion d’apprendre la prise de parole en public : les tours de parole, les « des commentaires, des remarques ? » après chaque intervention en COPIL, les débats effrénés sur le prix libre-prix conscient-prix… Ce sont également des rendez-vous réguliers et ritualisés tout au long de l’année : COPIL, réunions de pôle, week-end bénévoles… jusqu’aux rendez-vous quotidiens autour du tableau blanc pendant la semaine de préparation avant le festival (« Attention : on écrit la mission en rouge, le∙la responsable en vert, et l’équipe en rouge. Pas l’inverse ! »).
Avec ces quelques mots, vous pourrez apercevoir l’ossature de ce festival. Sauf qu’avec des squelettes on célèbre Halloween, pas le DBDA.
Des espaces de liberté, de transgression et de créativité
Lee festival Du Bruit Dans l’Arène ne serait rien sans son collectif d’âmes humaines loufoque et débordant. Les militant∙e∙s, copains, copines, camarades de promotions, amoureux∙ses, frères, sœurs, tonton, cousin∙e∙s, parents, coloc’, voisin∙e∙s, collègues, et tutti quanti. Un entre-soi me direz-vous ? Parlons plutôt d’une alchimie de rencontres, entretenues pendant trois longues années parfois, et nécessaire à une réelle organisation collective.
Dans ce doux mélange, chacun∙e y va de sa petite obsession. Les « toujours plus de palettes », la vache, les samoussas pour 40, le mégaphone, les maquettes du village des possibles en papier, les toilettes sèches, les sculptures en déchet, les émissions radio, les barnums à papa, les plannings bénévoles, la carriole, les danses de dame pipi, la peinture sur panneaux, recompter deux fois l’argent de la banque, le bar, les « une lumière jaune, pas blanche, c’est mieux pour l’accueil », les 120 tabourets en palettes, la casquette DBDA, le débroussaillage du champ à mains nues, la Reine Barlet, l’élan… deviennent autant de petites cathédrales à achever, au cœur de la ruche, pour les personnes investies dans le festival. Ces manies, individuelles ou partagées, sont orchestrées avec précision et grande attention par le/la/les suprême(s) cheese, co-coordinateur∙rice∙s, et fondent brique après brique (en Siporex ?) le festival Du Bruit Dans l’Arène.
Le succès de cette troisième édition réside, bien sûr, dans la forme et la fréquentation de l’évènement cette année. Toutefois, il n’est pas, selon moi, plus belle réussite que le chemin parcouru, dans ses échecs et ses apprentissages. Le festival Du Bruit Dans l’Arène, en se dotant d’un cadre bien pensé, offre, à celles et ceux qui s’y impliquent, des espaces de liberté, de transgression et de créativité où on joue avec les mots, les idées, les actes.