Évaluation et châteaux
Lorsque des enfants jouent à faire des pâtés dans le sable, ils creusent, remplissent leur seau en faisant couler ces minuscules grains entre leurs mains ou en les manipulant avec une pelle, tassent, versent, soulèvent, organisent, décorent… De ces expériences, ils déduisent que le sable humide s’agglomère mieux que le sec. Leurs projets de constructions vont du simple pâté, à des compositions très sophistiquées avec souterrains, ponts et ajout de coquillages, algues, galets… Parfois, ils demandent aux adultes de les aider, rôle auquel ceux-ci s’emploient avec un plaisir non dissimulé.
Le culte de l’évaluation systématique, synonyme de réussite et de sérieux est fortement ancré dans les mentalités françaises. Une évaluation perçue comme facteur d'élévation du niveau général et de développement de l’effort. Un culte qui oublie la place du jeu dans les apprentissages des enfants et son incitation à la persévérance volontaire. Le fait de pointer de manière systématique la réussite et l’échec, c’est aussi oublier que les enfants peuvent prendre des temps et des chemins très différents pour apprendre. L’évaluation a un intérêt évident pour permettre de faire le point et de s’adapter, mais lorsque la note (ou le point de couleur) est à l’affût de toute action, n’est-ce pas un frein aux apprentissages à la coopération et à l’envie d’essayer et d’apprendre?
Vers l'Education Nouvelle (n° 576, octobre 2019)