LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Perdre

Être vainqueur, gagner… En ces temps d’olympisme, la performance et la réussite sont particulièrement glorifiées. Pourtant perdre fait aussi partie de l’éducation.
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Ecrire un billet d’humeur sur l’intérêt de perdre, pourrait paraître défaitiste ou provocateur en cette période de médailles d’or, d’argent ou de bronze mises en exergue. Mais perdre est porteur de véritables enjeux à l’école, en famille ou dans les lieux d’animation.
Média secondaire

 Pour certains enfants, être confrontés à cette situation représente une vraie difficulté, voire une souffrance. Cela ne date pas d’aujourd’hui : « Je trouve que c'est bête de jouer à des jeux qu'on ne sait pas. Moi, je ne joue jamais au ballon parce que j'ai les mollets trop petits, et les autres se moqueraient de moi. Mais je joue toujours aux billes, ou aux barres, ou à la marelle, parce que je gagne presque toujours. » racontait Marcel Pagnol dans La gloire de mon père

Mais cette situation est actuellement rendue plus difficile, du fait de la mise en avant médiatique et permanente d’une injonction de réussite. Être bien jugé, avoir beaucoup de followers, être vainqueur de l’émission désignant le meilleur … prennent une importance dans laquelle se mêlent ce qu’est l’individu et ce qu’il réussit ou montre. Qui pourrait aimer un « looser » ? Cet environnement a tendance à exacerber la difficulté qu’ont certains enfants à accepter de ne pas réussir, ce qui est parfois complexe à gérer par les adultes et nécessite de rassurer et de redonner sans démagogie de la valeur au fait de perdre. Un apprentissage social, qui se construit dans un rapport formel et informel aux autres et doit être bienveillant et respectueux. 

« Moi, je ne joue jamais au ballon […] Mais je joue toujours aux billes, ou aux barres, ou à la marelle, parce que je gagne… »

Perdre représente un intérêt pédagogique important, car l’erreur fait partie intégrante des apprentissages. Si on sait déjà faire et que l’on réussit tout, il n’y a rien à apprendre. « Chaque jour, il nous fallait nous remettre à l'ouvrage, résoudre les difficultés, une par une, assumer notre condition, rester debout » écrit Alexandre Jolien dans Eloge de la faiblesse

Paradoxalement, le fait de parfois perdre ou risquer de perdre donne de l’intérêt aux activités et aux situations. C’est une évidence pour la plupart des jeux. Un casse-tête dont on connaît la technique et que l’on peut faire mécaniquement n’est plus intéressant. 

Perdre constitue également une forme d’apprentissages des réalités humaines, qui sont multiples. Si l’on réussit parfois mieux que d’autres, l’inverse est aussi vrai et cela évolue dans le temps et en fonction de l’environnement. Apprendre à relativiser à prendre en compte la différence et l’impermanence des situations. 

Et si nous redonnions ses lettres de noblesse au mot « perdre » …

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