Estime de soi et pédagogie du projet
Estime de soi et pédagogie du projet
Mon expérience d’éducateur spécialisé exerçant en itep auprès d’un public composé d’adolescents âgés de 14 à 18 ans, dont la plupart ont décroché du système scolaire, m’a permis d’observer qu’au-delà des jeux d’apparences qu’ils mettent en place (provocation, intimidation, arrogance...), ces jeunes présentent une faible estime de soi qui nuit aux apprentissages. Cependant, j’ai pu remarquer une amélioration de l’estime de soi de certains d’entre eux alors qu’ils fréquentaient un stage de formation partant de leurs centres d’intérêt et mettant en œuvre d’autres méthodes d’apprentissage que celles utilisées dans le milieu scolaire traditionnel. C’est à partir de ce constat que je me suis intéressé à l’estime de soi des jeunes en difficulté, et plus précisément aux liens existant entre estime de soi et apprentissage. Après quelques éclairages théoriques relatifs à l’estime de soi, je rendrai compte des principaux éléments saillants extraits d’une étude que j’ai réalisée en 2007 et je tenterai d’analyser comment estime de soi et pédagogies actives mises en place dans des stages de formation peuvent s’articuler et dynamiser les jeunes dans leur parcours de formation. Enfin, je proposerai à partir de ces résultats quelques pistes pédagogiques susceptibles d’aider les jeunes pris en charge en itep à retrouver une meilleure image d’eux-mêmes. Qu’est-ce que l’estime de soi ? Même si on parle fréquemment aujourd’hui de l’estime de soi dans les médias et dans la presse, l’intérêt des chercheurs pour cette notion n’est pas récent. En effet, le concept d’estime de soi a été décrit pour la première fois en 1890 par le psychologue américain William James . Celui-ci la définit comme un processus intrapsychique par lequel un individu s’autoévalue. En 1902, un autre psychologue, Charles H. Cooley , avance l’hypothèse que l’estime de soi ne trouverait pas uniquement sa source dans un processus intrapsychique mais qu’elle dépendrait également des réactions de l’entourage ; et cela dès l’enfance. Les recherches actuelles tendent vers une perspective multidimensionnelle de l’estime de soi. On considère en effet l’estime globale de soi à la fois comme une résultante et une combinaison de l’estime qu’un individu s’accorde à partir de différents domaines de compétences. Cette autoévaluation faite selon divers domaines de compétences s’opère dès l’enfance et s’affine avec le développement cognitif de l’enfant. Ainsi, on peut repérer huit domaines de compétences selon lesquels l’adolescent s’évalue : les compétences cognitives, athlétiques, l’acceptation sociale, l’apparence physique, la conformité comportementale, les amis proches, les relations sentimentales, les compétences professionnelles (...)
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