Jeunes et solidaires
Faire le point sur son parcours
La première séquence de la matinée consiste à finaliser l’envoi des CV et des lettres de motivation. Objectif : décrocher un stage pratique pour valider son Bafa. Par groupes de deux ou trois, on se consulte, on se relit, on s’encourage, on améliore les tournures. Elena et Gabor sont toujours là pour faire la traduction pour celles et ceux qui ne comprennent ou ne parlent pas le français.
Parfois, c’est plus compliqué. « Un CV ? mais je n’ai pas d’expérience ! » traduit Gabor pour Daniela qui, depuis plusieurs séances, bute sur cet écran d’ordinateur qui lui résiste. C’est Noham, un étudiant en césure, qui l’aidera. « Tu as vécu en Allemagne, tu as travaillé dans l’hôtellerie, tu aimes t’occuper des enfants… » Peu à peu les lignes vides se comblent et Daniela reprend confiance. Ce stage, elle le décrochera !
Dès la première semaine de leur volontariat, les trois animatrices sociales, dont deux en formation, ont jeté les quinze jeunes dans le grand bain. Au programme, une semaine de stage Bafa théorique. Un temps fort pour se découvrir en pratiquant ensemble des activités. Depuis, ils ont participé aux temps de formation sur le droit commun, ont décrypté l’actualité, ont partagé leurs expériences, joué ensemble. Et chaque mercredi, qu’il pleuve ou qu’il vente, ils ont animé des activités avec les enfants, soutenu les familles dans leurs démarches d'accès aux droits communs, fait de la médiation scolaire sur les "terrains", un terme qu’ils préfèrent à celui de bidonvilles. La Loire Atlantique est un des départements qui comprend le plus de bidonvilles avec 2632 personnes recensées sur environ 53 bidonvilles,
La paire-aidance, pour mieux accompagner les familles
« Le projet vise donc deux publics, explique Nina Chabroux, éducatrice spécialisée et coordinatrice du projet TineSol depuis sa création en 2019. D’abord les jeunes qui se forment à l’animation et ensuite les familles qui vivent sur les bidonvilles. » Parmi les jeunes en service civique, une partie a vécu ou vit encore en bidonville. « Evidemment, dans ce cas, ils n’interviennent pas sur le terrain où ils vivent », précise Nina.
Aller vers les familles et les enfants et favoriser la « paire-aidance » sont les deux piliers sur lesquels s’appuie la démarche. Pour ce dernier, l’éducatrice explique que « les volontaires étant directement concernés, ils connaissent la langue roumaine et romanes, les codes liés à la précarité puisqu’ils la vivent eux-mêmes. Ils sont donc plus à même de comprendre la situation des personnes et d’aider à médiatiser la relation pour accompagner les familles au plus près de leurs besoins. »
L’après-midi consistera, par une température proche de zéro, à aller à la rencontre des enfants. Auparavant, les jeunes avec l’aide des animatrices auront réfléchi aux activités à conduire. « Il va y avoir beaucoup de boue. Il faut trouver des jeux où les enfants s’activent pour se réchauffer mais sans pour autant glisser », souligne Elena. Ce sera chat couleur, 1,2, 3 soleil, une balle au prisonnier roumaine… A chaque fois, les instructions seront données en français et en romanes mais pour autant, seuls six enfants se joindront finalement aux jeux proposés par autant d’animateurs et animatrices. « Les parents ne veulent pas les laisser sortir, il faut trop froid. » Deux heures plus tard, les équipes feront le point dans le camion sur ce qui a fonctionné ou non. Pour autant, pas sûr que la fois prochaine, il y ait plus de monde. On n’est qu’en janvier et l’hiver va être long.