Tunga : une solidarité informelle et spontanée née de l'espoir
Face à la situation des personnes déplacées, sans ressources, sans repères, des militant·es de plusieurs associations humanitaires comme le Secours Populaire, les Restos du cœur, Amnesty International mais aussi des citoyen·nes non « affilé·es »... se sont mobilisés "spontanément". Il s’agit avant tout pour eux-pour elles de pourvoir aux besoins de base des personnes migrant·es : leur trouver un toit à moyen ou long terme, assurer les repas, répondre aux questions de santé, d’hygiène, d’assurer la continuité dans les recours administratifs, les études ou les formations en cours éventuellement…
Une solidarité spontanée
Les Cada[1] le savent et font circuler l’information qu’une famille, une mère isolée, une jeune lycéenne...vont se retrouver à la rue. Alors, un collectif informel se crée : envoi de mails à son réseau, coups de fil à des personnes hébergeuses éventuelles... On sait que l’amie de l’ami du fils d’une telle est susceptible d’avoir un lit, une chambre libre... Cela se fait dans la spontanéité pour ne pas dire l’urgence. Par bouche à oreille. Et toute forme d’aide est bienvenue. Ainsi, elle revêt des formes variées et va de l’accueil provisoire court à l’accueil provisoire long - une famille est logée par le même couple depuis plus de dix ans - du prêt de vélo, de voiture, de matériel suivant les besoins au don, notamment de vêtements et de produits périssables, de l'invitation à partager un ou des repas à l’invitation à partir en vacances...du conseil juridique à l’inscription à Parcoursup, des cours de français individualisés à l’invitation à des cours de yoga, de la prise en charge financière d’un suivi psy à la prise en charge financière d’une adhésion au club de rugby...
Il est clair qu’il y a des nuances entre les services rendus, que tous ne sont pas indispensables mais le collectif qui se met en branle cherche d’une part à permettre à la personne d'être à l’abri au sens physique du terme mais aussi d’être en pause de galère, qu’elle puisse se reposer un peu après un parcours souvent très dur et éprouvant et qui n’est pas terminé, qu’elle puisse aussi se faire plaisir, vivre une certaine « légèreté ».
Un collectif pour vivre l’attente
Une période s'ouvre alors, dont on ne connaît pas la date finale, pleine d’attentes - de la réponse au recours, de la nouvelle demande d'asile, d'un contrat de travail permettant l’obtention d’une régularisation… et d'angoisses - premier refus, deuxième refus, se faire oublier, être inexistant·e... et pendant laquelle le collectif va donner la force à la personne de continuer ses démarches, son chemin. Les différents membres du collectif vont s’épauler pour que les charges qui pèsent sur les épaules de chacun·e ne soient pas trop lourdes, soient réparties... Pour que les tensions qui naissent soient posées et que l’on tente collectivement d’y donner des réponses.
Ne pas être seul
Face à l’injustice ambiante, face à la peur de la différence des uns·es qui peut se changer en haine, en discrimination, en rejet, face aux inégalités dans la société, créer un collectif pour soutenir une personne victime de guerre ou des changements climatiques, fuyant la répression politique de son pays, bref, quelle que soit la raison pour laquelle cette personne a été contrainte de quitter son pays, sa famille, de traverser des déserts, des mers, des situations insupportables… créer un collectif quand l’Etat se désengage est bien la moindre des choses. À plusieurs, on est plus forts, plus puissants, plus efficaces et on tient mieux sur la durée. Parce qu’enfin, il faut bien le dire aussi, on est seul·es ensemble, mais bien seul·es face à l’hypocrisie de l’Etat, face au désengagement des structures institutionnelles, face à l’absence de réponses, face au néant. Et on croise fort les doigts de centaines de mains pour que tout cela finisse bien ou le mieux possible...
[1] Centres d’accueil pour demandeurs d’asile