Diriger un projet ou gérer des règles ?
C’est mon cas. J’ai été recrutée comme chef de service éducatif après cinq ans d’expérience comme éducatrice spécialisée diplômée. Après avoir pesté contre certains de mes chefs, mais aussi après avoir pu m’identifier à d’autres, j’ai décidé de promouvoir ma perception de la fonction éducative. Mon désir était de démultiplier mon regard et mon approche de l’accompagnement du sujet différent vers une appropriation de son parcours. Ce qui me gênait le plus dans mon travail était de voir des professionnels prendre en otage la vie des personnes, dans une « toute-puissance » que l’on se chahute beaucoup dans notre secteur. Ce projet était très mégalomaniaque, mais il avait l’avantage de me pousser à investir mon énergie dans une voie promotionnelle ambitieuse. L’expérience m’a très vite appris que mon regard n’avait rien d’exceptionnel et que le Code du travail et la responsabilité du cadre allaient me contraindre à prendre patience. Un formateur, lors d’un travail sur la conduite d’entretien, avait utilisé la métaphore du tennis pour parler de mon fonctionnement. Il qualifiait mon jeu d’un jeu de fond de cours. Le joueur renvoie toutes les balles et attend, sans prendre l’offensive, de marquer le point par son habileté ou par la précipitation de son partenaire de jeu prenant des risques qui le conduisent à la faute.
Diriger, encadrer, c’est savoir poser des objectifs et mettre en place une stratégie dans le temps qui portera ses fruits. Quand l’objectif est la prise en compte du sujet, le développement d’outils qui lui permettront de devenir autonome, y compris dans l’aide à solliciter, le projet est conforme à une éthique de l’accompagnement. (...)
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