Élevé·es en plein air !
C’est une belle promenade en Europe qu’il est donné de découvrir à travers les pérégrinations de plusieurs militant·e·s des Ceméa en Allemagne, Belgique Hongrie, Italie, et au Danemark. Mais une balade avant tout professionnelle, une recherche-action dans le domaine de la toute petite enfance. Avec des surprises et des confirmations, des belles découvertes et des remises en question. Observer fut le maître mot. Plein-air le leitmotiv. Une constante : la notion de danger dans ces ailleurs si proches diffère de la nôtre. Et les prises de risque y sont autres et nombreuses mais relèvent d’une éducation mûrement réfléchie. Il y a comme un parfum de dépaysement qui file une envie de revenir ou d’aller regarder ce qui se passe dans d’autres pays.
En 2016 et 2017, 29 personnes du réseau national français des Ceméa ont bénéficié de trente-neuf mobilités dans le cadre du programme Erasmus+, formation des personnels. Ce dossier met en évidence diverses observations et enseignements émanant de cinq mobilités en Belgique, Allemagne, Italie, Danemark et Hongrie sur le thème de « la vie en plein air, condition d’épanouissement du jeune enfant de zéro à six ans » Nous avons engagé pour cela une recherche-action et observé la mise en pratique de projets qui intégraient la vie en plein air de jeunes enfants. Il s’avère, quels que soient les parcours et les spécificités, que les enseignements renvoient autant à des questions propres aux pays qu’aux représentations de chacun.e. sur les tranches d’âges selon lesquelles il ne faudrait pas mettre un tout-petit dehors, le rapport au temps passé à l’extérieur selon la saison, la météo et le rapport écologique et environnemental à la nature. Nous partions du constat qu’en France, la vie en plein air fait l’objet d’une législation importante sur cette tranche d’âge, sous prétexte qu’il ne faut pas leur faire prendre de risque, ce qui, en soi pour des éducateurs, pose déjà question.
Les professionnels français ne pourraient-ils plus prendre de risque avec les enfants dont ils ont la charge ? Il y a trente ans, nous pouvions cueillir des fruits dans la nature pour faire une tarte et la déguster avec le groupe d’enfants, nous mesurions les risques et les enfants n’étaient pas plus en danger. Les notions de risque et de danger seraient-elles, en France, aujourd’hui d’un autre ordre et réservées aux parents ?
Précisons que nous avons mené notre recherche dans le souci de protéger les enfants qui nous sont confiés et de devoir bien distinguer ce qui peut être de l’ordre de la mise en danger et ce qui relève de la prise de risque, situations qui n’ont absolument pas le même sens. Les échanges et les rencontres entre les participant.e.s et les accueillant.e.s., ont permis d’élucider les différences et des particularités.
Comme tout voyage, la rencontre de l’étranger, de l’ailleurs, bouscule nos convictions et nos représentations. Cela n’est pas sans incidence sur ce que nous observons. Comprenons-nous ce que nous voyons ou parfois ne sommes-nous pas amenés à ne voir que ce que nous comprenons ?