Quand les mineurs étrangers isolés viennent questionner l'identité professionnelle des éducateurs spécialisés

L’arrivée des mineurs étrangers isolés…

Dans les années 1990, les mineurs étrangers isolés font leur apparition sur le territoire français, confrontant les travailleurs sociaux à la prise en charge d’un nouveau public dont ils vont découvrir les problématiques spécifiques. Ces jeunes étrangers non accompagnés d’un référent parental vont en effet bénéficier du système de la Protection de l’enfance en raison du risque qui découle de leur situation d’isolement, et vont être accueillis pour partie dans les dispositifs d’accueil d’urgence de l’Aide sociale à l’enfance ou de la Protection judiciaire de la jeunesse.

À l’époque, les travailleurs sociaux exerçant au sein de ces établissements font ressortir de façon récurrente certaines difficultés qui semblent participer du malaise que suscite l’accompagnement de ces jeunes. La principale de ces difficultés étant sans doute la crainte que les services d’urgence des maisons d’enfants soient submergés par une arrivée de plus en plus importante de ces jeunes. Cette peur les pousse à questionner la réalité du danger encouru par ces enfants, et par conséquent leur légitimité à être accueillis dans les services de l’Aide sociale à l’enfance. Les travailleurs sociaux s’insurgent aussi alors devant la lourdeur des démarches juridiques et administratives de régularisation, toujours plus contraignantes, qui les oblige à acquérir une nouvelle technicité et qui, surtout, envahit leur emploi du temps et limite leur disponibilité pour d’autres formes d’accompagnement

Deux décennies plus tard…

Que reste-t-il de ces difficultés ? Comment a évolué cette prise en charge ?

Aujourd’hui, les mineurs étrangers isolés ne peuvent plus être considérés comme un public nouveau (...)