Autonomie
Un célèbre journal de bande dessinée belge définissait son lectorat de 7 à 77 ans, mais on peut faire encore mieux en termes d’amplitude. La notion d’autonomie, elle, concerne tous les âges de la vie.
Quand l’animation, évoque l’autonomie, cela fait d’abord écho aux apprentissages liés à la petite enfance : s’habiller, aller aux toilettes, se laver, se servir à table, utiliser son couteau et sa fourchette, nouer ses lacets, faire son lit… Pourtant cette notion concerne également les enfants plus âgés et les adolescents. Pour cette tranche d’âge, être autonome se décline surtout en lien avec l’activité, les déplacements et les relations aux autres. Mais l’autonomie est aussi une préoccupation dans le cadre de l’animation auprès de personnes âgées. Les réalités sont différentes, mais le fond reste le même : faciliter le fait que des individus soient capables et aient envie de prendre en charge leurs actions, avec leurs petits et leurs grands projets, grâce à des compétences qu’ils construisent et font vivre au quotidien.
On aurait tendance à penser qu’il s’agit pour les plus jeunes d’apprendre, alors que les plus anciens sont sur une logique de maintien de leur autonomie. Mais la frontière est moins nette qu’il n’y paraît. La construction de long terme est aussi liée au fait de maintenir et mettre en pratique ce que l’on sait faire. Combien de fois les enfants se trouvent-ils face à des situations dans lesquelles, malgré leurs compétences et leurs capacités à faire, on fait pour eux, parce qu’on est pressé, parce que c’est plus pratique, parce que « ça pourrait être dangereux »1…. Comme lorsqu’on les sert à table, alors qu’ils seraient tout à fait capables de le faire eux-mêmes.
On a également tendance à penser l’autonomie des personnes âgées, uniquement comme un maintien de leurs compétences. Mais c’est réducteur, car l’autonomie peut aussi passer par de nouveaux apprentissages. Ils peuvent être liés à des situations spécifiques, comme apprendre une technique pour pouvoir se relever sans aide, pouvoir accomplir certains gestes différemment… ou à l’appropriation et la maîtrise de nouveaux outils, tels que l’informatique. Les nouvelles technologies, en plus des services techniques qu’elles peuvent apporter et de l’ouverture sur le monde qu’elles représentent, ont le grand mérite d’amener à apprendre et à se projeter vers l’avenir, alors que l’on a souvent tendance à aborder les personnes âgées uniquement en regardant leur passé dans le rétroviseur.
Les fondamentaux de l’animation restent les mêmes quelles que soient les personnes auxquelles on s’adresse. Les animateurs et les animatrices se retrouvent face à ce choix pédagogique majeur : Faire à la place ou prendre le temps et se donner les moyens de faire agir.
On peut proposer un atelier cuisine en mettant un enfant face à une recette prédéterminée, avec des ingrédients déjà épluchés, pesés, tranchés… son rôle ne consistant plus qu’à mélanger le tout dans un ordre donné, ou on peut l’accompagner dans la maîtrise, voire l’apprentissage de ce projet et de certaines de ces actions.
Dans un autre contexte, on peut proposer à des personnes âgées de participer à des activités du quotidien et les accompagner dans la maîtrise de leur propre prise en charge, ou leur apporter un « clé en main », dont ils deviennent objet et ne leur demandant aucune participation ou une participation d’apparence.
Les situations et les réalités peuvent être très spécifiques et nécessiter des approches différentes mais, que l’on travaille dans l’animation avec des enfants ou des personnes âgées, l’enjeu reste le même : mettre les individus en position d’acquérir ou de conserver un maximum d’autonomie pour être acteurs de leur vie.
1 cf. Bande dessinée « Tu vas te faire mal »,in Bulles éducatives, dossier n°19 des Cahiers de l’Animation 2011
