Catapulte à M... Feu! !
Actuellement, les activités proposées aux enfants que ce soit dans leurs familles ou en collectivité sont de plus en plus programmées, structurées, utiles, avec des objectifs éducatifs définis.
On ne va pas en colo pour jouer ou pour être avec d’autres, mais pour faire des activités.
Heureusement, les enfants sont toujours capables de s’organiser de jouer sans objectif précis et de rendre hommage à leur manière à la truculence d’un Rabelais ou d’un Pergaud.
Média secondaire
Ce jour là, était une journée à thème.
Les animateurs l’avaient longuement préparée, déguisements, histoire, ateliers et grand jeu. Tout étant évidemment lié au thème.
Ils ont accueillis les enfants à leur réveil, déguisés et jouant les hommes préhistoriques.
Les animateurs semblaient bien s’amuser entre eux.
Une fois que tous les enfants ont eu déjeuné, ils les ont réunis pour leur présenter le programme de la matinée à la manière des hommes préhistoriques.
Les réactions étaient diverses. Certains enfants semblaient amusés par la situation, d’autres faisaient preuve d’une certaine condescendance envers ces animateurs qui s’agitaient déguisés devant eux. Mais tous se prêtèrent de bonne grâce au jeu.
Le matin était consacré à des ateliers. Tous préhistoriques évidemment : bijoux préhistoriques, fabrication d’arcs, peinture préhistorique, construction de cabanes…
Les enfants ont tous suivi dans le petit bois où les activités étaient prévues.
Ils ont fait cercle autour des animateurs qui s’étaient répartis différents ateliers, puis certains sont allés chercher des matériaux naturels pour leur activité.
Jeremy, 6 ans, a trouvé un morceau de bois et il s’est mis à taper sur un tronc d’arbre avec, puis il a tapé sur une racine. Maxime est venu le rejoindre et ensemble ils ont tapé. Ils ont pris des morceaux de bois plus petits, plus gros, ont tapé doucement, plus fort, de toutes leurs forces. Quand ils en ont eu assez de taper, ils ont attaché une ficelle à un morceau de bois, puis l’ont traînée derrière eux en essayant de faire en sorte qu’elle s’accroche aux troncs. Ils ont ensuite repris leurs morceaux de bois pour taper. Cela les a occupés pratiquement tout le temps de l’activité. Au début, il y a eu quelques réactions d’animateurs leur disant de ne pas taper et de venir construire quelque chose, puis de guerre lasse et voyant qu’au fond, ils avaient l’air de bien s’amuser, on les a laissés tranquilles.
Pour les cabanes, les enfants qui le souhaitaient ont continué la construction de cabanes commencées précédemment. Ils se sont répartis plusieurs lieux et se sont organisés pour aller chercher du bois et des feuilles, les attacher, les empiler. Au fur et à mesure d’autres enfants sont arrivés. Certains venant donner un coup de main ponctuel, puis repartant, d’autres restant à la construction. Certains s’installant simplement dans une des cabanes pour discuter parfois fort longtemps.
Amélie et Samia, elles, sont venues s’asseoir sur un tronc à l’intérieur d’une cabane, elles ont sorti de leurs poches de longs morceaux de fils de couleurs, ceux qu’elles tressent dès qu’elles ont du temps de libre, (après le repas, avant la douche…) et elles ont continué les bracelets commencés. Cela les a occupées un bon moment.
Les animateurs ont eu l’instinct de percevoir que ces enfants qui n’avaient pas l’air de vraiment participer à leur activité s’amusaient vraiment, et n’ont pas cherché à leur imposer de tourner sur les différents ateliers. Bien que l’on ait senti parfois un certain regret. « Après tout ce que l’on a préparé pour eux, ils préfèrent taper sur un bout de bois ou discuter. »
Après avoir travaillé aux cabanes, certains enfants parmi les plus grands ont commencé à lancer des pommes de pin sèches, pour viser des arbres, puis pour voir qui tirait le plus loin. Evidemment, petit à petit cela s’est transformé en jeu avec deux équipes ayant chacune sa cabane comme camp. Le but étant de lancer des pommes de pin dans la cabane de l’autre équipe.
Il était presque l’heure d’aller manger. Les animateurs rangeaient leurs ateliers et en plus il commençait à se mettre à pleuvoir, quand Antoine et Kévin eurent l’idée qui allait marquer la supériorité évidente de leur équipe sur l’autre cabane.
Dans ce bois, des chevaux étaient parfois parqués et il y avait du crottin séché par endroit.
Ils mirent une planche sur une pierre pour faire une catapulte, puis allèrent chercher du crottin séché, qu’ils déposèrent à l’extrémité.
D’autres enfants s’étaient joints à eux. Tous surexcités par cette idée géniale.
Ils prirent ensuite une grosse pierre qu’ils firent tomber de l’autre côté de la planche en criant cette formule guerrière : « CATAPULTE à MEEERRRRDE FEU ! »Ce fut un triomphe. Non pas, que l’engin ait eu une grande efficacité. Mais tout de même avoir inventé la catapulte à merde. Il fallait y avoir pensé.
Durant le retour, ils discutèrent tout le long du chemin de la manière d’améliorer leur invention.
Kévin et Antoine étaient rayonnants. Ils paraissaient enchantés de leur matinée.
D’autres enfants s’étaient joints à eux y compris ceux de l’autre cabane et réfléchissaient à la manière de faire d’autres pièges aussi prestigieux et inventifs que celui-ci.
Marchant en tête du groupe un animateur déguisé en homme de Cro Magnon parlait, je crois d’un œuf préhistorique qui avait paraît-il disparu.
Cet article est issu de la revue Les Cahiers de l'Animation