« L’enfant à la valise », un exemple de sensibilisation au handicap psychique pour les élèves de CM2

Depuis la loi 2005, de nombreux enfants porteurs d’un handicap ont intégré l’école. Pour les accueillir dans les meilleures conditions, les services publics et les associations ont mis en place différentes actions pour sensibiliser les élèves de tout âge aux différents types de handicap. Cependant, les actions portant sur le handicap psychique sont souvent les grandes absentes et demeurent encore trop peu nombreuses. Différentes raisons pourraient en être à l’origine : difficulté à parler aux enfants de la maladie psychique de manière simple, difficulté à identifier la maladie psychique et à évaluer son impact au sein de l’établissement scolaire – car le handicap est souvent invisible –, sentiment d’incompétence et manque de légitimité de la part des professionnels et des associations qui interviennent en direction des élèves. Alors, existe-t-il des axes de réflexion et des pistes à privilégier pour faciliter l’élaboration de telles actions en direction des élèves ? C’est la question que nous nous sommes posée lorsque la commune dans laquelle nous exercions nous a sollicités pour mettre en place une action de ce type durant un mois consacré aux handicaps à destination des élèves de classes de CM2. Cette action est aujourd’hui portée par l’Unafam 78.

Qu’est-ce que sensibiliser ?

En tant que professionnels de la santé, nos expériences respectives nous ont amenés à intervenir régulièrement auprès d’enfants et d’adolescents dans le milieu scolaire. Les échanges avec les jeunes nous ont convaincus de l’importance d’agir sur la tolérance, l’acceptation des différences et le bien vivre ensemble autour de thèmes variés et de contribuer ainsi à l’amélioration du climat scolaire. Selon les études de l’équipe d’Éric Debarbieux (par exemple, 1996, 2011), la détérioration du climat scolaire est un terrain favorable au développement de la violence et du harcèlement scolaire entre les pairs. Dans un tel contexte, les enfants ayant un handicap psychique sont, à notre avis, davantage en proie à la marginalisation et à la stigmatisation. Ainsi, chaque action de sensibilisation au handicap psychique nécessite, d’une part, de prendre en compte l’impact du climat scolaire de l’établissement sur les jeunes, et d’autre part, de reconnaître le handicap psychique comme un médiateur pouvant ouvrir à une discussion sur le thème de la différence en général. 

Le développement de l’empathie envisagée comme force contraire à la violence (par exemple Tisseron, 2011 ; Catheline, 2017 ; Zanna, 2015, 2019) est un outil privilégié pour accompagner vers le bien vivre ensemble et l’amélioration du climat scolaire. Dans cette action, intitulée « L’enfant à la valise », nous avons décidé d’agir davantage sur la compréhension émotionnelle que sur la connaissance, dans une dimension exclusivement cognitive du handicap psychique.

Les objectifs d’une telle sensibilisation ont donc pour vocation d’amener les enfants à accepter les différences en mobilisant leurs capacités d’empathie, mais également de prévenir la stigmatisation et la violence scolaire dans un but de bien vivre ensemble. « L’enfant à la valise » Une activité ludique

L’implication émotionnelle des enfants dans une telle action est conditionnée par la possibilité de changer de point de vue. Nous pensons que cette faculté est facilitée dans le cadre d’une activité ludique où la mise en place de métaphores et d’exercices facilite l’accès à la représentation du handicap.

« L’enfant à la valise » a donc été élaboré sous la forme de jeux dont les différents accessoires (valise, mots, masques, cerceaux) permettent de rendre les caractéristiques du handicap psychique, habituellement considéré comme invisible, visibles et tangibles.

Ainsi, « L’enfant à la valise » raconte l’histoire d’un enfant qui traîne une valise avec lui et qui, de ce fait, éprouve quelques difficultés à trouver sa place. Dans cette valise, pourtant, se trouvent les mystères de son monde intérieur pour ceux qui veulent bien se donner la peine de regarder. (...)