L’espace catalan transfrontalier, une proximité ?
Cet article est issu d’un travail de recherche dans le cadre d’un master 2 « Intervention et développement social, parcours économie sociale et solidaire et action publique » (promotion 2018-2019). Il prend son origine dans le cadre d’un projet du Fonds de soutien aux micro-projets transfrontaliers, déposé en 2018 « L’économie sociale et solidaire et l’animation sociale sur l’Espace catalan transfrontalier ».
On entend par « transfrontalier » un phénomène qui concerne les deux côtés de la frontière. Un sens faible désigne la traversée de la frontière et introduit une notion de proximité. Un sens fort donne naissance à un espace qui rassemble des entités autrefois séparées.
L’animation sociale
Le travail social s’adresse surtout aux personnes qui ont un besoin de réparation, vivant un plus ou moins grand mal-être. L’animateur, dans une démarche collective de projet, contribue au développement et à l’émancipation des personnes et des groupes. Ce sont les lois de 2002 et 2005qui ont légitimé le travail des animateurs au sein des structures médico-sociales (Segrestan, 2011).
L’animation sociale n’est pas centrée sur la pathologie ou la réparation, mais essentiellement sur l’individu et ses capacités. Cette dialectique entre réparation et transformation traverse également l’ess (économie sociale et solidaire) et constitue un enjeu important quant à la manière dont a été appréhendée cette recherche. Quels constats à l’origine de ce projet ?
De manière générale, les habitants des territoires transfrontaliers ne franchissent que rarement la frontière pour leur vie quotidienne. De même, les administrations publiques, les établissements scolaires et de santé ou les structures associatives des Pyrénées-Orientales n’entretiennent que peu de liens avec leurs homologues catalans. La distance administrative et sociale semble supplanter la distance géographique.
La frontière, est un lieu de passage, voire d’approvisionnement, lié notamment à l’alcool, l’essence, le tabac, et bien d’autres denrées moins chères en Catalogne. La Jonquera est aussi un endroit où la prostitution est légalisée et la Costa Brava, un lieu très touristique connu pour ses fêtes estivales et ses stations balnéaires. Mais l’espace catalan transfrontalier est peu un lieu d’intérêt culturel, et de plus, rencontre le frein de la langue. Les jeunes en insertion professionnelle, les stagiaires de la formation professionnelle ou continue, les étudiants montrent plus de motivation pour aller dans des grandes villes telles que Barcelone ou Lisbonne, qui sont des lieux de partenariat Erasmus. Réaliser des immersions en stage, visiter des structures et échanger sur les divergences et les ressemblances, échanger sur les pratiques ou organiser des journées thématiques sur des sujets sociaux et sociétaux sont choses plus intéressantes dans ces villes que dans des territoires de proximité qui sont avant tout, pour eux, des lieux de passage. Ce n’est pas seulement la distance qui fait obstacle, puisque Figueras est à 45 minutes de Perpignan. Les grandes villes, plus éloignées, présentent sans doute, du fait de leur cosmopolitisme, une attractivité largement supérieure.
La coopération transfrontalière implique de faire un pas vers l’autre, de traverser la frontière. Les valeurs de l’ess impliquent aussi cette notion de partage. Même si l’ess est un secteur avant tout économique, elle est fortement axée sur les pratiques de solidarité et elle vise à faire de l’économique un moyen et non une fin en soi.
L’exploration a permis de comprendre qu’il y a peu de structures transfrontalières de l’ess. Cette appellation suggère des structures qui ont des actions des deux côtés de la frontière, avec un projet d’action commun. Une démarche quantitative et qualitative a été réalisée. 7 Le premier objectif de cette étude était de comprendre comment les structures vivaient les valeurs de l’ess et de cibler les thématiques liées à l’animation sociale. Une phase exploratoire importante qui a permis d’approcher les problématiques de la coopération transfrontalière et leur complexité. Le deuxième objectif était de créer un questionnaire bilingue (français/catalan), dans une démarche quantitative, afin de recenser les besoins, les freins des structures de la Catalogne nord et sud. Le troisième objectif était d’organiser un séminaire regroupant les structures ayant répondu au questionnaire, avec un souhait d’intégrer une dynamique de réseau.(...)
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