Rambarde pédagogique
L’année suivante, Mathias est resté dans la classe dont je m’occupais, qui avait un double niveau. Personne n’aurait alors pu se douter des problèmes de comportements qu’il avait précédemment rencontrés. Puis, au cours de l’année scolaire, l’information de mon départ prochain de l'école circula. Alors que d’autres enfants m’interrogeaient directement sur le sujet, Mathias ne m’en parla jamais. Mais plusieurs fois, il vint me faire des allusions détournées. Au fur et à mesure que la fin de l’année approchait, il se mit à s’agiter et à montrer un comportement de plus en plus instable. Un jour où il trainait en classe après la sortie, je le pris à part : «Sur un pont, il y a une rambarde. On peut s’y appuyer pour regarder plus loin et en plus, elle vous empêche de tomber, ce qui est plutôt rassurant. Moi, je crois que c’est à cela que je te sers depuis deux ans et que tu es inquiet de ne plus avoir de rambarde lorsque je ne serai plus là…» Mathias me sourit d’un air entendu. «Je vais te dire ce que j’en pense. Tu as progressé. Ces progrès, ce sont les tiens. Et je sais que maintenant, tu es tout à fait capable d’avancer sans avoir besoin d’une rambarde comme moi…» Mathias me sourit de nouveau, puis il sortit de la classe.