Un bout de promenade en passant par les lettres B et N
L’abécédaire de Boris Vian accompagné des musiques de Lucienne Vernay est un outil fantastique pour amener des enfants à aimer les mots. J’ai fait travailler durant trois ans des classes d’école élémentaire à partir de ces chansons. Un environnement musical et culturel au quotidien, qui a permis de fédérer les groupes et de mettre en place des projets. Les enfants ont imaginé et fait vivre des activités pour chacune de ces lettres. Ils ont partagé le plaisir des mots, joué, osé, créé, communiqué et coopéré ensemble.
Promenons nous un moment auprès des lettres B et N
B comme ... Belles lettres à mettre en valeur
« Et par le pouvoir d’un mot... » Paul Eluard
Prendre soin des mots
Que faire de tous ces mots dits, lus et écrits ? Les enfants sont allés les chercher, les ont apprivoisés, ont joué avec eux. Ils ont ainsi créé une proximité et une forme de lien affectif les incitant à en prendre soin, à les dorloter, à les bichonner. Le rangement de ces mots peut se décliner avec de multiples activités en fonction des personnalités et des groupes. Des boîtes peuvent être apportées ou fabriquées en origami pour devenir des écrins décorés, matérialisant ainsi au fil du temps le cheminement dans l’abécédaire. Les mots peuvent aussi être affichés, mis en mobile ou en volume. On peut les enregistrer pour ensuite se réécouter, les chantant, les déclamant, les chuchotant, les criant... Mais, ils peuvent également être mis en scène et photographiés, comme le seraient des personnalités, des artistes, des stars.
Une bienveillance au quotidien, qui permet aux enfants de s’imprégner de la valeur de civilisation et d’humanité des lettres et des mots. Comme en témoigne cette petite fille de sept ans affirmant: «Grâce aux lettres, je suis née, j’ai un nom ».
En famille
On peut ranger par ordre alphabétique. Mais d’autres possibilités de classement et de mise en valeur sont aussi à explorer. Les enfants peuvent regrouper des mots par familles en fonction de leur sens, de leur musicalité, de leur graphisme, ou de l’émotion qu’ils suscitent : mots gigantesques, mots de passe, mots doux, mots piquants, mots rigolos, mots que l’on aime, mots que l’on n’aime pas, mots bêtes, gros mots…
Alors qu’avec l’ordre alphabétique, la majorité des mots sont répertoriés au moment de la rencontre avec la lettre. Pour ces autres logiques de classement, ils sont ajoutés au fur et à mesure du déroulement de l’abécédaire.
Ces situations de rangement peuvent également amener à jouer sur le fond et la forme.
Que faire des homonymes homographes, qui bien qu’étant exactement les mêmes ont des sens différents ?
Pourrait-on mettre baleine ou montagne dans la liste des « gros mots » ? Personne ne peut nier qu’ils sont gros.
Les textes de l’abécédaire de Boris Vian incitent à ce rapport décalé, tendre et espiègle avec les mots.
Narration et histoires
« Attends ! Je sais des histoires. Il était une fois... » Jean-Loup Dabadie (chanté par Serge Reggiani)
Une écriture par étapes
Dans ses textes issus de l’égrenage des lettres de l’alphabet, Boris Vian nous raconte des histoires, parfois loufoques, parfois d’apparence plus sages, mais jouant toujours avec le sens et la musique des mots.
Cela a suggéré aux enfants l’idée d’écrire eux aussi une histoire. Une stratégie d’écriture a été définie, partant des objets qu’ils avaient apportés. Ils ont créé une scène avec un navire sur une mer de noix et de noisettes. Puis ont imaginé la scène suivante et l’histoire s’est poursuivie avec le même processus...
Une démarche d’écriture avec une structuration par étapes faisant un écho antagoniste et complémentaire au « cadavre exquis » des surréalistes, un jeu qui offre lui-aussi une forme de cadre formel suscitant une imagination dans laquelle tout est justifié.
Télécharger le livre Promenade pédagogique au fil de l'Abécédaire de Boris Vian
Une Promenade pédagogique pour décliner les textes de Boris Vian et les musiques de Lucienne Vernay en projets d'activités, dans une démarche d'Education nouvelle