Big Bang Ballers : l'association qui réussit le sport inclusif
Les lieux de mixité sont plutôt rares dans les pratiques sportives. À Grenoble, une association organise des formations vers les acteurs de ce milieu peu inclusif. Son projet : créer une « fédération des clubs sportifs accueillants ».
Quelle est la différence entre intégration, ségrégation, exclusion et inclusion ? En cette sixième journée de formation, les futur·es cadres de structures sportives et responsables de projets événementiels réunis dans la salle du Creps de Voiron, à une quinzaine de kilomètres de Grenoble, savent à quoi s’en tenir. En cette matinée glaciale, il ne sera pas question de dépassement de soi, de haut niveau, de compétition ni de performance. C’est Sylvain Jouanneau, membre depuis douze ans de l’association les Big Band Ballers qui embarque la vingtaine d’alternants recrutés dans le cadre du programme Campus 2023, une formation financée à l’occasion de la prochaine Coupe du monde de rugby.
« Les fédérations sportives voient leur sport comme une cathédrale. Leurs membres viennent tous d’un très haut niveau et le sport est pour eux la réponse à tout. Alors qu’il est en fait ultra-excluant », lance-t-il à son public. Sensibiliser au fait que le sport laisse de côté les plus fragiles, qu’il s’agisse de raisons physiques, psychiques ou sociales, telle est l’ambition du formateur. Pour cela, il s’appuie sur son expérience au sein des Big Bang Ballers, un collectif grenoblois qui fait pratiquer des sports collectifs à des centaines de personnes isolées, en exil et en situation de handicap. Sur la friche de 3000 mètres carrés du tiers lieu où ils se sont installés, les terrains accueillent chaque année 5000 personnes qui retrouvent là le plaisir de jouer et le goût des autres. « Si l’environnement n’est pas bienveillant et trop compétitif, on se sent complexé et on ne va pas sur le terrain, même si on en a envie. »
Les mêmes règles pour tous
Joue-t-on forcément pour gagner ? « Oui », répond Anaïs, en alternance à la fédération des clubs alpins et de montagne et qui envisage de déployer dans ses futures fonctions des projets inclusifs « sans perdre le plaisir de se dépasser et de s’amuser ». Aujourd’hui, c’est bien pour tenir compte de ce plaisir-là que Sylvain propose à son public d’imaginer des variantes pour un rugby inclusif. « Chaque joueur est doté d’un pouvoir allant de 1 à 3. Plus on a de difficultés, plus on a de pouvoirs. Et inversement, explique-t-il. Faites varier les scorings, autorisez les moins rodés à faire des passes en avant... Soyez inventifs ! » Au sein des trois groupes de travail, les idées fusent, le ballon ovale circulant de l’un à l’autre pendant qu’un secrétaire prend les notes pour les restituer au groupe après le déjeuner. « Je fais du sport depuis mes six ans, mais c’est seulement aujourd’hui que je réalise que quels que soient les sports, ce sont les mêmes règles qui s’appliquent à tous. Et pourtant, on ne part pas tous et toutes du même point... », s’étonne Timothée.