Comment exercer son autorité à l'école ?
L’autorité : un besoin pour les adolescent·es ?
Ils et elles ont besoin d’une autorité qui autorise, qui ne se confond pas avec l’autoritarisme. Quand on emploie la coercition, c’est qu’on a loupé un truc. Pour le dire autrement, une autorité n’est jamais aussi bien assise que lorsqu’elle est acceptée. Et je ne sais pas pour vous mais pour ma part, j’accepte l’autorité d’une personne quand je sens qu’elle va me faire grandir, qu’elle va m’apporter, me supporter ou m’accompagner.Comment asseoir son autorité ?
Ma pratique en Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté), mes lectures, les travaux de Bruno Robbes, m’ont amené à me rendre compte que pour asseoir son autorité, on peut l’imaginer comme un tabouret à trois pieds : être l’autorité, avoir de l’autorité, et faire autorité. Être l’autorité, c’est l’incarner par le statut. Quand vous êtes officiellement chef, tout le monde le sait et, a priori, va respecter vos décisions mais vous savez bien que cela ne sera pas toujours le cas. Et c’est parce qu’il va manquer un des deux autres. Avoir de l’autorité, c’est ce qui se dégage de vous. C’est votre voix, le regard que vous allez poser, c’est votre position dans l’espace, c’est votre déplacement. Faire autorité, c’est mettre en place des situations de classe, des règles qui vont faire que tout le monde pourra apprendre et s’émanciper. Et tout ça, ça s’apprend et ça se travaille contrairement à l’idée d’une « autorité naturelle ».
Comment articuler les rôles ?
Les problèmes arrivent quand les périmètres deviennent des territoires. CPE, prof, direction sont des métiers qui recouvrent une multitude de rôles. Si on voulait arriver à plus de cohérence, il faudrait commencer par clarifier ces rôles et éviter les doublons. La fonction éducative est partagée mais elle n’est pas toujours bien coordonnée. « S’il faut tout un village pour éduquer un enfant », que se passe-t-il quand on apporte des valeurs antinomiques, quand les intérêts ne sont pas alignés ? Les moments de « dispute professionnelle » sont à créer pour permettre de dépasser des blocages déontologiques.
Quels conseils donneriez-vous à des enseignant·es qui débutent ?
La peur profonde, c’est que les élèves ou les jeunes ne fassent pas ce qu’on avait prévu qu’ils fassent. Il faut travailler la préparation et l’anticipation mais aussi prendre le temps de la réflexion sur ce qui s’est passé et ne jamais faire comme s’il ne s’était rien passé ! Si jamais une séance se déroule super mal, mettre en place un cercle de parole sécurisé la fois suivante, pour revenir sur la situation avec tous les jeunes. Et même quand ça s’est “bien passé”, se demander pourquoi. Quelles étaient leurs sources de motivation ? Répondre à l’injonction de l’adulte ? Apprendre ? Faire plaisir aux adultes ?