"Quoi de neuf ?" L'outil pour prendre le temps de parler avec les enfants
Il est bien difficile d’identifier la paternité du Quoi de neuf dans l’histoire de l’Éducation nouvelle. Célestin Freinet et Fernand Oury ont beaucoup travaillé ensemble avant que ce dernier ne quitte l’Icem et le mouvement Freinet. Pour sûr, il a emporté dans ses bagages le Quoi de neuf, que la pédagogie institutionnelle et le courant psychanalytique ont largement contribué à développer. C’est plutôt dans l’usage et les objectifs qu’on lui attribue que la distinction existe entre les tenants d’une parole libre libératrice, sorte de sas entre deux mondes, et celles et ceux qui y voient une manière d’apporter en classe de la matière vivante pour aborder les apprentissages disciplinaires.
Le Quoi de Neuf reste dans tous les cas un temps de parole proposé aux élèves, que certains qualifient de « libre », et qui se veut un espace-temps intermédiaire de circulation de parole, entre vie privée et espace d’apprentissage. S’il est assez présent dans les écoles, on le retrouve également dans d’autres contextes, en éducation spécialisée ou en formation pour adultes par exemple.
Ce temps ritualisé, Béatrice Laffon, directrice de l’école maternelle Albert Baillet à Clermont-Ferrand, ne l’a mis en place avec sa classe de petite et moyenne section cette année qu’à partir du mois de janvier. « C’est un moment où on est tous ensemble assis sur le tapis en cercle. Tous les matins au même moment dans le déroulé de la matinée après le temps d’accueil et les ateliers, on se retrouve sur le tapis », raconte-t-elle. C’est l’enseignante, dans les premiers temps, puis un enfant qui est chargé de démarrer par une phrase rituelle : « On va commencer le Quoi de neuf, un moment où les enfants comme les adultes peuvent raconter quelque chose que l’on a vu, que l’on a fait ». Dans la classe de Béatrice, le bâton de parole donne le droit de parler, il circule entre les enfants à la demande. « Au début c’est cafouilleux », témoigne Béatrice. « Il faut réguler. Certains sont paralysés, pour d’autres c’est jubilatoire quand d’autres jouent avec ». Les progrès sont réguliers et petit à petit des rôles sont attribués aux enfants, sur la gestion du temps limité à 30 minutes, ou encore celui ou celle qui a le bâton en premier.